20ème dimanche T Ord

Une cananéenne, donc une femme étrangère à la loi de Moïse, une païenne, sollicite le secours de Jésus pour sa fille tourmentée par un démon ; elle le poursuit de ses cris : « Prends pitié de moi, Seigneur, Fils de David ». Fils de David est une expression hébraïque qui désigne le Messie, ce qui veut dire que cette étrangère a un minimum d’instruction, qu’elle chemine, qu’elle cherche Dieu, et ce qui veut dire surtout, qu’elle reconnaît en Jésus le Messie que le peuple d’Israël attend. Ce n’est pas rien. Comment Jésus réagit-il aux cris de cette femme ? Curieusement par son silence… En fait ce silence de Jésus, révéle la foi persévérante de cette mère angoissée. Puis, Il lui donne une réponse plutôt déconcertante: « il n’est pas bien de prendre le pain des enfants pour le donner aux petits chiens ». Il ne s’agit pas d’une femme qui traite mieux ses chiens que ses enfants, les petits chiens désignent dans le jargon hébraïque de l’époque les païens. Et les enfants ce sont le fils d’Abraham, les enfants d’Israël qui ont reçu la Révélation du Dieu unique, du Dieu de miséricorde ; et le pain c’est le Christ, Pain vivant descendu du ciel. « il n’est pas bien de prendre le Pain des enfants pour le donner aux petits chiens » En somme c’est une manière de dire autrement qu’Il a d’abord été envoyé aux brebis perdues d’Israël, cad au peuple juif qui a été préparé depuis Abraham en vue de l’avènement du Messie. Il doit donc s’en occuper avant les païens parce qu’ils sont mieux à même, en raison de la Révélation qu’ils ont reçu de Moïse et des prophètes, de le reconnaître comme le Messie. Or nous savons que la plupart d’entre eux resteront fermés à Sa Parole, et à la Bonne nouvelle, à savoir : que par sa mort et sa résurrection, Il scelle une Alliance nouvelle et éternelle pour tous les peuples, rendant le royaume accessible, à tous ceux qui croiront en lui. Le Seigneur va se choisir un juif bien pratiquant, persécuteur des premiers chrétiens, Saul de Tarse, et il va le « foudroyer » sur le chemin de Damas ; en un instant, il va changer son cœur pour en faire le grand apôtre des païens, st Paul.

Et ce même st Paul, nous dit dans son épître aux romains que l’endurcissement d’Israël entre dans un dessein mystérieux où le Seigneur réserve sa revanche, non pas pour punir, mais pour relever Israël, qui ne perd rien de son élection, car « les dons de Dieu sont sans repentance ». St Paul nous fait part de ce que le Seigneur lui a révélé : un temps futur glorieux, où la synagogue et l’Eglise, se retrouveront dans une même communion de foi. Ce sera comme une résurrection des morts. Comment adhérer à une telle perspective sans y voir l’Avènement du Retour du Seigneur ? Lui seul peut l’accomplir, en se révélant au peuple d’Israël, comme il s’est révélé à Saul de Tarse. St Paul l’affirme : « Eux aussi obtiendront miséricorde »… au Grand Jour de Dieu, qui vient bientôt en Roi de miséricorde avant de venir en juste Juge. Et la revanche de Dieu va aussi à l’endroi du peuple de l’Islam, et des autres religions. Et toutes ces familles de culture chrétienne qui deviennent païennes, n’y échapperont pas… Ecoutez st Paul : « Dieu a enfermé tous les hommes dans le refus de croire pour faire à tous miséricorde » Quelle espérance pour notre génération, de loin la plus dévoyée !

Sa miséricorde précède toujours sa justice, comme on le voit avec la cananéenne. Voulons-nous que sa miséricorde infinie se répande sur nos proches, sur nos communautés, sur nos contrées ? Faisons comme la cananéenne, poursuivons Jésus de nos cris, de nos supplications, mais avec la même foi qu’elle ; cette foi qui touche le Cœur du Seigneur, parce qu’elle est pleine de confiance en la miséricorde infinie de Dieu, parce qu’elle jaillit d’un cœur humble (qui ne s’afflige pas d’être comparée au petit chien, qui se sait pécheur, et indigne de sa grâce), et qui touche encore le Cœur de Dieu parce qu’elle est persévérante (malgré tous les obstacles, et toutes les raisons de penser que tout est perdu).

Encore une dernière chose : N’oublions pas notre merveilleuse élection, notre merveilleuse dignité qui, en Jésus-Christ, nous fait passer d’une vie naturelle, proche de l’animal (l’homme descend du singe, n’est-ce pas, d’après nos scientifiques), à une vie surnaturelle. Nous avons reçu l’Esprit Saint, « pour être saints comme Lui-même est Saint » (1 P 1, 15), pour nous attacher à son Alliance, sans profaner le repos du sabbat, (Isaïe) la sanctification du Jour du Seigneur. De quelle manière on le profane, le Jour du Seigneur ? En négligeant le rendez-vous de la Sainte messe dominicale, sans motif sérieux, comme celui de la maladie ; en y allant sans ferveur, la plupart du temps en retard ; en y allant en tenue légère qui fait tomber les faibles ; en y allant le cœur obstinément fermé à la réconciliation. Si nous avons reçu cette merveilleuse dignité, c’est pour nous élever, et en nous élevant, élever le monde.

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