4ème dimanche de carême C

Comme elle nous fait du bien cette parabole où Dieu nous révèle son vrai visage ! On pourrait l’intituler : l’infinie miséricorde du Père pour ses enfants. Dans notre condition actuelle de pécheurs, la miséricorde est ce qui nous est le plus vital. Nous devons en vivre au quotidien, comme notre bien le plus précieux. Les deux fils font souffrir leur père, chacun à sa manière : Le fils cadet, parce qu’il veut s’affranchir de son influence, comme si elle lui était néfaste, et le fils aîné parce qu’il l’honore des lèvres alors que son coeur est plein de convoitise et de mauvais désirs, sans compassion à l’égard de son frère qu’il a rejeté de son coeur.  Le premier pense trouver sa liberté en faisant ce qu’il veut, loin des commandements de Dieu et de l’Eglise, le second s’imagine être fidèle, parce qu’il fait des choses pour Dieu mais c’est lui qui les fait et non pas Dieu en lui, parce qu’il lui manque l’esprit filial, la confiance et l’abandon. Soyons honnêtes : nous nous retrouvons dans ces deux personnages…

Nous oublions souvent que Dieu est Dieu, que nous sommes ses semences, que nous venons de Lui et que nous retournerons à Lui. Et nous oublions qu’il n’y a pas que Dieu et nous. Il y a aussi l’Ennemi, le tentateur, le diable, Satan et ses acolytes. Ils sont puissants et nombreux. Pour ces deux raisons, nous ne pouvons pas faire fie de notre relation au Père. Si nous voulons devenir ce que nous sommes dans le coeur du Père qui nous a créé chacun unique, si nous voulons guérir de nos blessures, pour devenir des êtres libres, si nous voulons être délivrés du mal et de Satan, notre Dieu nous est indispensable : « veillez et priez, dit Jésus pour ne pas entrer en tentation car l’esprit est ardent, mais la chair est faible » ; l’homme qui s’éloigne du Père, c’est l’homme qui s’éloigne de la prière et des sacrements ; il n’est plus de taille à lutter contre les esprits mauvais qui « rôdent, dit l’apôtre Pierre, cherchant qui dévorer ». Sous l’influence de l’Autre, il devient esclave de son péché et finit par goûter son fruit de tristesse, de désespoir, et de mort…

Le retour au Père est le seul remède et nous voyons que dans sa bonté, Dieu n’attend même pas un vrai repentir pour courir au devant de nous et nous étreindre et nous rendre notre dignité, il lui suffit de nous voir de loin amorcer la résolution d’un retour – peu importe la pureté de nos intentions – or c’est vrai, c’est souvent la souffrance qui nous fait revenir plus que la tristesse de l’avoir offensé. Vous voyez la bonté gratuite de notre Dieu à notre égard ! Il n’est jamais fâché, il n’éprouve que de la compassion pour celui qui s’égare, et quand il revient, non seulement il n’y a pas de reproche, pas de jugement dans sa bouche, mais une joie débordante et une pluie de bénédictions.

Et puis le fils aîné nous rappelle qu’une fidélité purement formelle ne porte pas de fruits. Ce n’est pas notre religiosité qui nous sauvera, mais ce qu’il y a dans notre coeur, à l’égard du Père, et à l’égard de notre prochain. S’il n’y a pas d’abord l’amour pour le Père, et la conscience de l’amour inconditionnel qu’il nous porte, comment serons-nous aimants et miséricordieux à l’égard de nos frères ? Ne faisons rien par crainte, par opportunisme, par habitude ou par tradition, mais faisons tout par amour, avec le coeur. Il y a deux attitudes que Dieu veut que nous ayons à son égard : la confiance jusqu’à avoir une grande simplicité, une grande spontanéité envers Lui, et puis un respect  révérencieux de sa Souveraine Volonté. (Dieu est Dieu, non de Dieu ! Je ne peux pas le mettre dans ma poche et faire ma volonté hypocritement). Je dois pouvoir tout demander à Dieu avec confiance, même ce qui me ferait plaisir car Dieu aime me faire plaisir. Et je dois avoir de la miséricorde envers moi-même comme envers les autres.

Dernière chose : Avez-vous remarqué que dans la parabole, les deux fils sont aimés, mais un seul est heureux : celui qui reconnaît sa misère, qui la confesse – même imparfaitement – et qui se laisse étreindre et bénir par le Père. On ne sait pas si le fils aîné est resté dehors ou s’il est rentré partager la joie de son frère. Probablement qu’il est resté dehors un certain temps, car on ne passe pas de la colère et du jugement à l’égard de Dieu et du prochain à la paix et à la réconciliation en un instant – à moins d’un miracle… Peut-être que nous pouvons demander à Marie ce miracle pour nous et pour nos frères, et la grâce de rester fidèle au Christ et à son Eglise, en la regardant comme Dieu la regarde ; alors nous pouvons être sûr que sa miséricorde nous sera toujours offerte. 

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