homélie 16ème dimanche T Ord B

Dans cet évangile, Jésus se montre à la fois plein de d’humanité, invitant ses apôtres fatigués à se reposer à l’écart, et plein d’ardeur missionnaire, au point de faire passer sa mission avant tout le reste : « voyant une grande foule qui était comme des brebis sans berger, il se mit à les enseigner longuement ». C’est un équilibre subtile qui nous échappe souvent. Ou bien nous sommes tournés vers notre égo et ses besoins que nous estimons vitaux, au risque d’en oublier que nous suivons un Christ crucifié, ou bien nous sommes tellement remplis d’ardeur et de zèle missionnaire que nous en perdons notre bon sens humain, n’ayant plus le souci de ceux qui nous entourent et qui n’ont peut-être pas la même faculté d’abnégation que nous. Entre ces deux excès, il y a l’équilibre de la charité. C’est le Saint-Esprit qui nous le donne, si nous l’invoquons, en nous rappelant que c’est lui qui doit être le Maître d’œuvre, si nous voulons faire la volonté de Dieu et non la nôtre.
Le Saint-Esprit nous donne d’avoir le souci de tous. De ceux qui sont à nos côtés, mais aussi des pécheurs, connus et inconnus, qui ont besoin de notre ferveur et de notre fidélité à la mission qui nous est confiée, pour être sauvés. Le dernier Concile nous a rappelé que tout baptisé est par définition missionnaire car il n’est pas justifié pour lui-même, mais pour le Corps tout entier. C’est Jésus qui dit à Ste Marguerite-Marie : « une âme juste obtient le pardon pour mille criminels » Encore faut-il que l’eau vive du Saint-Esprit soit toujours jaillissante. Le meilleur moyen de la conserver, c’est de la demander chaque jour.
Avant que je ne parte en Afrique, une sainte personne m’a donné ce sage conseil : « ne repousse jamais une personne qui te demande la prière, car c’est le Christ qui agit par ta bouche et par tes mains » Très récemment j’ai oublié ce conseil, et je l’ai amèrement regretté, car j’ai vu l’impact que mon refus a produit sur la petite brebis qui avait besoin de ma disponibilité pour recevoir la consolation du Seigneur. J’ai refusé parce que j’avais planifié mon temps pour mon confort personnel… Le Saint-Esprit n’aime pas cela. Déjà, le prophète Jérémie avertissait les pasteurs de leur responsabilité dans la dispersion des brebis. Parce que le prêtre, par l’onction dont il est revêtu, a entre ses mains un grand pouvoir pour sanctifier les âmes, les réconcilier avec Dieu, avec eux-mêmes et avec les autres. Si une personne vient à lui, elle ne doit pas être repoussée, car le prêtre n’agit pas en son nom, il continue les gestes sauveurs du Christ. Et puis nous ne devons jamais oublier qu’en vivant de la grâce de notre baptême, nous servons un dessein bien plus vaste et grandiose qui est la Paix que le Seigneur veut établir sur la terre renouvelée. « Le Christ est notre Paix » nous dit St Paul aux Ephésiens. Personne ne l’empêchera de rassembler dans l’unité tous ses enfants dispersés, ni les mauvais pasteurs, ni les apostats qui ont la prétention de la bâtir sans Lui. « le Seigneur n’abandonnera pas les siens, avons-nous entendu, il les fera paître lui-même ». S’il ne le peut par sa douce miséricorde, il le fera par sa sévère justice qui est aussi miséricordieuse, car il ne veut perdre aucun de ses enfants.

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