Jour de Noël C

Merveilleuse page d’évangile que ce prologue de st Jean. En quelques lignes l’essentiel est dit du Mystère du Christ et de Noël. Le Verbe de Dieu était au commencement, parce qu’il est Dieu lui-même, par qui tout existe. Il est la Vie, Il est la lumière qui éclaire tout homme, et Il « s’est fait chair, Il est venu habiter parmi nous ». Nous n’avons plus qu’à nous mettre à genoux pour adorer un si grand mystère… Ces paroles n’émanent pas de la réflexion des hommes – ils en seraient incapables, même les plus savants – elles émanent de la révélation inimaginable reçue par un modeste pêcheur qui n’a fait que témoigner de ce qu’il a vu et entendu, lui et ses amis : « Nous avons vu sa gloire, la gloire qu’il tient de son Père comme Fils unique, plein de grâce et de vérité » (Jn 1, 14b).

Ils ont vu sa gloire en partageant sa vie, trois années durant, en étant témoins de ses paroles de vie et d’amour, de ses miracles, de ses théophanies, lors de son baptême, lors de sa transfiguration ; ils ont été témoins de sa victoire sur la mort : Jean était présent à la croix avec Marie, et il fut le premier des apôtres à croire devant le tombeau vide et à être consolé des multiples apparitions du Ressuscité. Mais Jean comme les autres apôtres, n’a pas été qu’un témoin oculaire du Dieu fait chair, il l’a connu de l’intérieur, il en a fait l’expérience. Car « Tous, dit-il, nous avons eu part à sa plénitude, nous avons reçu grâce après grâce » et c’est cela qui en fait un véritable témoin, capable de donner sa vie pour le Christ.

Pourtant nous dit le Prologue « Il est venu chez les siens, et les siens ne l’ont pas reçu ». Dieu en personne est venu naître d’une Vierge pour devenir chair de notre chair, et il n’a trouvé comme toit qu’une étable, et pour dormir une mangeoire. Lui « par qui tout existe », quel paradoxe ! n’a pas été reçu par ceux qui lui devaient tout. Il a été mis en croix, et il continue de l’être… Aujourd’hui comme hier, il est rejeté. Sa passion continue dans son Corps qui est l’Eglise, à travers les péchés de ses membres. Et aujourd’hui, comme jamais dans son histoire, l’Eglise apprend à reconnaître sa misère, à demander pardon et à se purifier de ses péchés.

« Mais à tous ceux qui l’ont reçu, il leur a donné de pouvoir devenir enfants de Dieu » ; d’être purifiés de leurs péchés, afin de s’asseoir un jour « dans les hauteurs des cieux à la droite de la Majesté divine », (lettre aux héb). En cette fête de Noël, ne pensons qu’à ceux qui l’ont reçu, et qui sont nos modèles de sainteté… regardons l’humble Vierge Marie et le chaste Joseph, et mettons notre fiat dans le leur ; regardons les pauvres bergers si simples, et apprenons d’eux à nous émerveiller devant l’humble hostie, comme ils s’émerveillaient devant le nouveau-né de la crèche ; regardons les mages si persévérants dans leur longue et pénible expédition. Notre vie ici-bas est à l’image de leur long voyage, et nous avons besoin de persévérance dans la prière, dans la vertu, et la recherche de Dieu en toute chose… regardons les témoins d’hier et d’aujourd’hui… ils ont tous quelque chose d’unique à nous apprendre car il y a autant de saints que de visages ; mais ils ont tous en commun qu’ils ont reçu la lumière, qu’ils l’ont accueillie, devenant artisans des d’unité, de justice et de paix, sans craindre d’en brandir la bannière au risque de leur vie.

Noël, c’est ce monde nouveau de paix commencé sur la terre, sur la terre de nos coeurs qui accueillent  son salut avec des cris de joie. Le Fils de Dieu est né dans une étable, certes, mais il est né, et personne n’a pu l’empêcher de naître et d’accomplir sa mission de salut. Aujourd’hui comme hier, il continue de naître dans les coeurs, au milieu d’un monde saturé de péchés, mais rien ni personne ne l’empêchera de triompher puisque le mal est déjà vaincu par sa mort et sa résurrection. « A ceux qui l’ont reçu », Il dit « gardez courage, j’ai vaincu le monde. Je l’ai vaincu par ma petitesse, et ma vulnérabilité. C’est le message de Noël. Puissions-nous trouver dans ce Petit Enfant de la crèche, la force de tout traverser, en le laissant naître et s’ébattre en nous. Avec Lui, apprenons à apprivoiser notre petitesse et notre vulnérabilité, car Il est notre sécurité. Et c’est à travers la petitesse qu’il peut accomplir ses merveilles de salut.

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