Dans cet évangile, Jésus stigmatise le comportement orgueilleux des scribes et des pharisiens. Leur autorité comme leur érudition n’est pas mise en cause par Jésus : « Tout ce qu’ils peuvent vous dire, faites-le et observez-le, dit Jésus. Mais n’agissez pas d’après leurs actes, car ils disent et ne font pas ». Là est le problème. L’acte ne suit pas l’intention. C’est le Saint-Esprit qui produit l’intention, mais l’intention ne produit pas le fruit escompté parce qu’il y a parasitage, détournement par une force adverse qui est l’esprit du monde, un esprit de convoitise qui fait de ces hommes, non pas des serviteurs, mais des hommes de pouvoir, qui cherchent à dominer et qui sont avides de titres et d’honneurs, de vaine gloire humaine.
Faut-il s’en étonner ? oui et non… oui parce que ce sont des hommes religieux, des gens qui scrutent les Ecritures ; ils devraient donc être imprégnés de l’Esprit qui parcourt les Ecritures. Et « non », car si l’on y réfléchit, ces comportements que déplore Jésus, ne sont que l’expression des sept péchés capitaux. Les pharisiens sont de pauvres pécheurs ! Jésus ne s’en étonne pas… même eux, si soucieux d’intégrité face à la loi – à la différence des hérodiens compromis avec la société païenne – même eux, restent des hommes esclaves de leurs passions, parce que leur nature est blessée, marquée par la chute originelle, et parce que le monde est assujetti au pouvoir des ténèbres.
Or, qui délivre l’homme du mal qui est en lui et autour de lui? Qui le délivre de ses passions ? Ce n’est pas la connaissance, même pleine d’érudition, de la loi de Moïse, ce n’est même pas la pratique de la loi, dira st Paul, c’est la foi dans le Christ, Sauveur du monde ! Or justement, la plupart ne croient pas en Lui. Nous ne devons donc pas nous étonner de voir en eux des hommes pécheurs.
Maintenant, transposons à notre Eglise… que dire des prêtres et religieux, et de tous ceux qui ont une autorité dans l’Eglise de par leur ministère d’enseignement ? Sont-ils mieux armés, eux qui ont la foi en Christ, eux qui se nourrissent de sa Parole, qui ont reçu tant de fois le Saint-Esprit à travers les sacrements ? Sans doute le sont-ils… mais l’esprit du monde est toujours là pour les rattraper eux aussi, car les démons sont forts et rusés, ils savent user de toute leur malice pour tendre des pièges à ceux qui prêtent leur bouche et leurs mains au Christ pour bénir et sanctifier le Peuple de Dieu. C’est pourquoi ils ont particulièrement besoin que l’on prie pour eux.
Les textes de ce jour nous donnent l’antidote pour triompher de l’adversaire : la sainte crainte de Dieu, qui va de paire avec l’humilité. La crainte de Dieu, c’est la peur de décevoir un si tendre Père. Ce Père dont se fait l’écho st Paul, qui, « comme une mère entoure de soin ses nourrissons », et l’humilité qui nous fait rechercher l’intérêt de Dieu et du prochain : « Le plus grand parmi vous sera votre serviteur » « qui s’abaissera sera élevé ». La crainte de Dieu et l’humilité sont la clé de la sainteté, car elles ouvrent le cœur et disposent à l’écoute et à l’accueil de l’Esprit, de sa Parole vivante. « sa Parole qui n’est pas une parole d’hommes mais la Parole de Dieu à l’œuvre parmi les croyants » nous dit encore st Paul.
Comment cultiver l’humilité ? moins par nos agissements extérieurs que par une disposition intérieure qui consiste à se mettre à l’école de la Vierge Marie, Epouse de l’Esprit, ce qu’exprime le psaume 130 du jour : « Seigneur je n’ai pas le cœur fier, ni le regard ambitieux ; je ne poursuis ni grand dessein, ni merveilles qui me dépassent. Non, mais je tiens mon âme égale et silencieuse ; mon âme est en moi comme un enfant, comme un petit enfant contre sa mère » « Par ton humilité, dit Jésus à Ste Faustine, tu me plais toujours ». L’humilité est la porte étroite, difficile à franchir, mais si nous sommes avec Marie, elle la franchira pour nous, nous, abandonnés comme de petits enfants tout contre son Cœur maternel.