4ème dimanche Carême A

Jésus guérit un aveugle de naissance. C’est ce que l’on appelle un miracle, qui a pour but de susciter ou de stimuler la foi des croyants. Mais au-delà du miracle, cet aveugle figure l’humanité appelée à passer des ténèbres à la lumière. Ce miracle est en quelque sorte le condensé du chemin spirituel que nous sommes tous appelés à vivre.

Jésus vient au devant de l’aveugle, parce que le salut est une initiative de Dieu, un don gratuit que nous ne méritons pas, quelle que soit l’excellence de notre vie. Et la bonne nouvelle, c’est que l’épaisseur de nos ténèbres, n’empêchera jamais le Bon Dieu de nous rejoindre, et de se faire entendre de notre cœur. Pourtant, c’est à nous à lui ouvrir la porte pour que sa miséricorde nous sauve. L’entrée dans le Royaume passe par cette porte de la miséricorde, et pour la franchir, il faut se faire petit, humble, comme David. Accepter de se voir comme le dernier, comme l’oublié.

Est-ce lui ou ses parents qui ont péché, demandent ses disciples? En effet on peut lire dans le livre de l’Exode (20, 5) que « Dieu punit la faute des pères sur les enfants, les petits enfants et les arrière petits enfants. » (Trois générations) C’est la Parole de Dieu, elle nous enseigne quelque chose de vrai. Cependant, pour en avoir une juste appréciation, le chrétien doit lire l’AT à la lumière des paroles du Christ. Que dit Jésus ? «  Ni lui, ni ses parents » n’en sont responsables, « mais c’est pour que soit manifestée l’action de Dieu en lui… »

Autrement dit, même s’il est vrai que cette parole nous dit quelque chose sur la contagion du mal, nous ne devons pas oublier que Jésus est venu vaincre ce mal, c’est pourquoi il nous invite, en lui, par la foi, à appréhender le mal, non plus dans la crainte, mais comme l’occasion de manifester l’action de Dieu en nous. En quoi consiste t-elle ? Elle consiste à absorber le mal, sans le rendre, en l’offrant généreusement au Père. Cela n’est possible que si Jésus le fait en nous. « si je traverse les ravins de la mort je ne crains aucun mal car tu es avec moi, ton bâton me guide et me rassure » Ps 23 Dieu intervient, d’une manière ou d’une autre si nous mettons notre confiance en lui. Il ne nous retire pas nécessairement notre croix, mais il nous l’allège en la portant Lui-même avec nous, pour la paix du monde.

Derrière l’expression « Dieu punit », il faut comprendre « Dieu permet ». Il permet la contagion du mal jusqu’à son Retour, mais il la permet, parce qu’il l’a vaincu par sa miséricorde, et que chacun de nous a le pouvoir de stopper cette contagion, en disant oui à Jésus crucifié. Jésus a pris sur Lui tout le mal du monde, et notre « fiat » à sa volonté, contribue au salut, non seulement de nos vies, mais de celles d’une multitude, et contribue à l’avènement de son Règne qui apportera la paix au monde. La célébration de l’Eucharistie, et nos chapelets récités avec le cœur nous y prépare.

Suite à sa guérison, l’aveugle-né s’exclame « c’est un prophète ! » mais dès lors qu’il dévisage Jésus, il s’écrit : « Je crois, Seigneur ! » et il se prosterne pour l’adorer.  Pour que notre foi nous soutienne efficacement, nous devons aller jusqu’à cette rencontre personnelle incontournable, et vivre avec Jésus tous les moments de notre vie, les joies mais aussi les peines, sachant qu’avec Lui, la souffrance, stérile en elle-même, devient ferment d’amour pour la paix du monde et nous prépare un poids de gloire pour lequel nous lui serons éternellement reconnaissant.

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