Toussaint

Les saints que nous fêtons aujourd’hui sont ceux du calendrier, mais aussi tous ces inconnus dont la sainteté est restée cachée dans une fidélité à l’ordinaire de chaque jour. La classe moyenne de la sainteté selon l’expression du pape François. Ce qui fait les saints, ce ne sont pas leurs exploits, mais une qualité d’être, comme l’exprime cette phrase célèbre du « Petit Prince » de Saint Exupéry : « On ne voit bien qu’avec le cœur ; l’essentiel est invisible pour les yeux » ; sauf évidemment pour l’œil de Dieu qui sait voir ce qui est caché au fond du cœur.
Jésus est le Seul Saint, au sens strict, avec le Père et l’Esprit Saint. Et la Vierge Marie est la seule d’entre nous, à avoir été parfaitement transparente à cette sainteté du Dieu trois fois saint. Les béatitudes que nous venons d’entendre dans l’Evangile, ne décrivent pas des actions extraordinaires, mais les qualités de cœur de Jésus.
Jésus est le pauvre de cœur par excellence, c’est à dire Celui qui est, sans artifice. Il n’en n’a pas besoin, car en Lui réside la plénitude de la divinité. Le riche, est celui qui s’approprie ce qu’Il reçoit. Jésus ne s’approprie rien, Il ne revendique rien, sinon la vérité qu’Il est lui-même ; Il est dans une totale soumission au Père. Il lui redonne tout, et cela le conduira à donner sa vie par amour sans se défendre contre ses tortionnaires. Il est le pauvre par excellence. De cette pauvreté de cœur, découlent toutes les autres béatitudes : Jésus est doux, pacifique, compatissant, assoiffé de justice, miséricordieux, pur de cœur, de corps et d’esprit, fort dans les épreuves, tout cela, parce qu’Il est comblé d’une plénitude d’amour, parce qu’il est l’Amour incarné, qui ne cesse de circuler entre Lui et le Père, et qui a pour nom l’Esprit Saint. Et cet Esprit d’Amour nous est donné pour que nous devenions saints, à notre tour, et à notre petite mesure.
Par le baptême, Jésus vient faire sa demeure en nous, pour que nous recevions de Lui cet Amour qui guérit nos cœurs blessés, afin de refléter sa compassion, sa douceur, sa justice, sa miséricorde, sa pureté, sa paix, sa joie jusque dans les épreuves. Notre mission est d’être le plus transparent possible à Sa lumière, à Sa Sainteté. Mais il faut pour cela continuellement rechercher sa Présence, sans quoi elle se dérobe et notre cœur s’obscurcit, et s’égare dans le péché. En ce sens, la sainteté est plus une dynamique, qu’un état. Le saint n’est pas quelqu’un qui est sans défauts, c’est quelqu’un qui mendie en permanence la sainteté de Dieu, son infinie miséricorde, désirant être transformé et ressembler de plus en plus à son Seigneur. « Êtes-vous en état de grâce » demande- t-on à Jeanne d’Arc durant son procès. Sa réponse illustre tout à fait ce que je viens de dire : « si je n’y suis pas, que Dieu m’y mette, si j’y suis, que Dieu m’y garde »
Alors, dit st Paul :« lorsque le Christ paraîtra », ce qui était caché dans le cœur se révèlera au grand jour : « nous lui serons semblables parce que nous le verrons tel qu’il est ». Sommes-nous animés de de cette espérance qu’Il vient bientôt nous couronner de gloire ? Mais cherchons-le en permanence, cherchons son bon plaisir, dans la prière, les sacrements, l’écoute de sa Parole, dans le service aux plus pauvres, aux plus petits, et enfin dans l’acceptation des souffrances incontournables que la vie nous réserve, et qui en Jésus-Christ deviennent de l’amour pur qui sauve le monde. « N’ayez pas peur de la sainteté » disait st Jean-Paul II. Au fond, désirer être saint, c’est désirer la paix, c’est désirer le bonheur, c’est désirer être ce pour quoi nous avons été créés, et ne pas nous laisser détourner de la merveilleuse place, unique, que le Bon Dieu nous réserve dans le ciel.

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