1er dimanche Carême C

Jésus vient d’être baptisé, et voilà que l’Esprit le conduit au désert où il va être mis à l’épreuve par le démon durant quarante jours. C’est Dieu qui est Maître de la situation, et c’est perdu d’avance pour le démon. Dieu a voulu cette mise à l’épreuve de Jésus pour montrer aux hommes comment ils doivent s’assurer la victoire. Le désert est un lieu symbolique, lieu aride et  desséché, comme l’est sa création qui souffre d’une carence de Vie depuis que l’homme a cessé d’obéir à Dieu. Jésus est le remède, il est la Vie. Il est le Nouvel Adam, victorieux de Satan qui réconcilie l’homme avec Dieu par son obéissance ; et par sa Vie donnée sur la croix, il conduit toute l’humanité à sa régénération, à sa pacification, à condition qu’en Jésus-Christ nous devenions victorieux de Satan.

Les trois tentations de Jésus nous renvoient à nos propres tentations. La première, « ordonne à cette pierre de devenir du pain » : c’est la tentation d’idolâtrer la matière, d’agencer notre vie en fonction de nos besoins sans référence à Dieu. La volonté de Dieu passe après notre bien-être et notre confort. Il est légitime de manger à sa faim, d’avoir du travail, de pouvoir dormir sous un toit, c’est le pain quotidien de l’homme, mais le Seigneur attend que nous le lui demandions, pour nous-mêmes et pour les autres, et que nous lui en rendions grâce. Que répond Jésus au diable ? « l’homme ne vit pas seulement de pain », (et l’apôtre Matthieu ajoute : « mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu » ) (Mt 4,4). Nous avons au fond de notre âme une nourriture plus vitale que nos besoins : la Présence divine et sa Sainte Volonté inscrite en nos cœurs. « cherchez d’abord le royaume de Dieu et sa justice, et tout le reste vous sera donné par surcroit » (Mt 6).

Dans la deuxième tentation, le démon conduit Jésus dans les hauteurs et lui offre la domination sur le monde, le pouvoir. C’est la tentation de la vaine gloire. Asseoir ses intérêts par le pouvoir sur les autres. On impose ses vues à tous, sans demander l’avis de personne, alors que demander conseil est le meilleur moyen de connaître la volonté de Dieu. On n’a jamais raison tout seul. Tout seul, on fait triompher son orgueil et cela d’une certaine manière, c’est rendre un culte au diable. « Tu ne rendras de culte qu’à Dieu seul ». Cette tentation n’épargne pas les personnes qui ont des responsabilités à tous les échelons, y compris dans l’Eglise. Beaucoup de souffrances et de péchés seraient évités si l’on était moins dans l’action solitaire, et plus dans l’action concertée, selon la vertu de prudence. Heureusement Dieu veille sur son Eglise et y suscite toujours des âmes humbles et saintes qui montrent l’exemple de la simplicité, de l’humilité, de l’esprit de pauvreté, comme une Mère Teresa, un Jean Vanier, ou comme les derniers papes que la Providence nous a donné.

Dans la troisième tentation, le démon suggère de manière perfide la protection divine pour une action contraire à la volonté de Dieu : si tu te jettes du haut du temple, « Il donnera pour toi ordre à ses anges de te garder…ils te porteront sur leurs mains de peur que ton pied ne heurte une pierre » ps 91 Il s’agit ici de la tentation de dicter à Dieu ce qu’il doit faire pour que nous croyions en Lui, comme le mauvais larron qui dit du haut de sa croix : « si tu es le Messie, sauve-toi toi-même et nous avec »… Mais qui sommes-nous pour dire à Dieu ce qu’il devrait faire pour que nous croyions en lui. « tu ne mettras pas Dieu à l’épreuve ». Ce que Dieu a cru bon de faire, il l’a fait : il a donné sa Vie pour le salut de tous. Tant que j’attends autre chose que la propre Vie qu’il me donne, je m’éloigne du chemin de la foi.

Pour conclure, sachez que tous les exorcistes s’accordent à dire que 99% de l’action du diable est de l’ordre de la simple tentation. Cela veut dire que nous sommes tous concernés et qu’Il faut prendre les armes pour se défendre. L’arme absolue c’est Jésus lui-même, avec son équipement pour le combat: la prière, la louange, les sacrements du Pardon et de l’Eucharistie, sa Parole vivante – le manque de vigilance tient souvent au fait que la Parole de Dieu n’imprègne pas assez nos cœurs – Il faudrait chaque jour garder une Parole dans nos cœurs, comme le faisait Marie ; rechercher ce qui est humble et petit, et avoir pour boussole la confiance en la miséricorde divine manifestée en Jésus-Christ. Que Jésus soit notre plus grand Ami, qu’il soit notre soutien de tous les instants, et le démon, soyons en sûr, fuira loin de nous.

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