21ème dimanche C

L’évangile d’aujourd’hui peut susciter une certaine crainte, car il y est question d’une porte qui est étroite, et qui plus est, va se refermer sur des personnes qui supplieront de pouvoir entrer, sans y parvenir. Cette porte, nous savons que c’est Jésus ; il nous l’a dit en st Jean: « Je suis la Porte ». Mais si c’est Lui, pourquoi est-elle étroite ? Parce que chacun doit la passer l’un après l’autre. En effet, Dieu a versé son Sang pour chacun en particulier, et non pour une masse anonyme. Dieu aime chacun d’une manière unique, et il attend de chacun une réponse unique. Elle est étroite aussi parce que les orgueilleux, ceux qui ne savent pas voir leurs péchés et se remettre en cause, ne peuvent la franchir ; ils sont trop encombrés de leurs péchés, dont ils ne veulent pas se défaire, parce qu’ils font partie d’eux-mêmes. Cette Porte c’est Jésus, mais pas un Jésus à notre convenance, le Jésus de l’Evangile, qui a souffert pour nous, et qui s’est laissé transpercé sur la croix pour notre salut ; Jésus, Fils de Marie, et Fils de Dieu, qui nous a laissé un commandement nouveau : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimé », c’est à dire aimez-vous en consentant à souffrir sans faire souffrir.

Pourquoi cette Porte doit-elle se refermer ? Parce que le temps de ce monde va finir, pour chacun au jour de sa mort, et pour tous, au Jour glorieux de son avènement cosmique, qui n’est pas la fin du monde au sens de sa destruction, mais qui est le Jour de son renouvellement. Le temps de ce monde, nous est laissé pour changer, parce que le péché nous a déformé, nous a fait perdre notre ressemblance à Dieu. Nous devons la retrouver au prix d’une lutte de chaque jour : « Efforcez-vous d’entrer par la porte étroite. » « Efforcez-vous » dit Jésus : la vie est un combat, une lutte, non pas seulement contre des événements malheureux, ou contre des personnes mauvaises, mais contre des esprits mauvais, dit l’apôtre Pierre. Il n’y a que Jésus qui puisse nous libérer de leurs influences, de notre orgueil, de nos mauvaises habitudes, de nos peurs, de nos égoïsmes qui nous jettent dans leurs griffes. Son Cœur de miséricorde est cette Porte ouverte à tous sans exception, mais qui nous oblige à désenfler en reconnaissant notre misère. C’est pour cela qu’il est si pénible de se confesser au prêtre, et quand je dis cela je pense à moi, car avant d’être prêtre je suis pénitent et je m’efforce de fréquenter chaque mois le confessionnal.

Cette porte, nous prévient Jésus peut se refermer sur des chrétiens qui fréquentent l’Eglise : « nous avons mangé et bu en ta présence, et tu as enseigné sur nos places » « Eloignez-vous de moi, vous tous qui commettez l’injustice »… A l’heure du jugement, ce que regardera le Seigneur, ce n’est pas la liste de nos engagements en Eglise, mais si notre cœur reflète – dans les limites de notre humanité blessé – Son Cœur à Lui, juste et miséricordieux. Car en fait, Son Cœur n’est pas étroit ; c’est nous qui le voyons ainsi, enflés que nous sommes. L’orgueil, cela ne génère qu’injustices, incompatibles avec la terre nouvelle et le ciel nouveau qui s’en viennent.

Alors n’attendons pas demain pour laisser l’amour et la miséricorde du Christ nous transformer et nous détacher de l’esprit du monde. Suivons-le de près, en prenant Marie chez nous ; Avec elle, le chemin de notre conversion sera plus facile, et le fardeau de cette vie plus léger à porter, car Marie est le chemin que Jésus lui-même a emprunté ; à son école, apprenons la prière du cœur, l’écoute amoureuse de sa Parole, la fréquentation des sacrements qui continuent la présence du Christ parmi nous, et surtout apprenons à aimer, en étant artisans de justice et de paix, et miséricordieux envers nos frères. Alors au Grand jour de Dieu, la Porte de l’éternité restera pour nous grande ouverte.

 

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