L’homme, à la différence de l’animal, sait qu’il va mourir un jour. C’est à la fois sa grandeur et son angoisse. La mort va de soi quand les forces s’en vont, que le corps est usé par l’âge ou la maladie, pourtant, elle nous heurte, même après une longue vie bien remplie, et nous sentons bien que nous n’avons ni le droit de précipiter la mort de l’être cher, ni le droit de le retenir à tout prix s’il s’en va.
Pourquoi? Parce que nous sommes faits à l’image de Dieu, nous sommes faits pour Dieu qui est éternel. La mort est naturelle, biologiquement parlant, mais ontologiquement (de ce qui ressort des profondeurs de notre être) elle ne l’est pas, puisqu’elle nous brise. Jésus lui-même qui est le modèle de l’Homme parfait, a pleuré son ami Lazare. Mais depuis que le Christ est mort et ressuscité, la mort a été vaincue. Elle n’est plus un châtiment, mais un commencement: L’entrée dans la vraie vie, où n’existe que le beau, le vrai et le bien.
C’est trop beau pour ne pas s’y préparer ! Et l’on s’y prépare en mettant de l’ordre dans sa vie, en s’entourant de ceux que l’on aime, pour leur laisser un message d’amour, de miséricorde, de pardon.
Mais comment se soustraire à la peur de la mort? En consentant à mourir chaque jour avec le Christ. Car si l’on y réfléchit, notre vie est une succession de morts et de résurrections. Cela commence au sortir du ventre maternel, puis, après le cordon anatomique, il y a le cordon psychologique : »l’homme quittera son père et sa mère ». Puis il faut faire le deuil de ses ambitions, de ses illusions. Puis vient la perte de l’être cher qui nécessite aussi tout un travail de deuil pour supporter l’absence de l’être aimé. Mais, toutes ces morts, si nous les vivons dans le Christ, c’est à dire dans la foi que Jésus est avec nous pour les porter et nous consoler, avec l’espérance que tout cela nous prépare un poids de gloire que nous ne pouvons imaginer, touts ces morts, donc, loin de nous anéantir, nous fortifient et nous préparent au rendez-vous ultime de notre propre mort. Toutes ces morts, petites et grandes, nous apprennent à nous abandonner dans les bras de Dieu sans nous crisper sur la vie présente, qui n’est que passagère.
Si chaque matin, nous commençons notre journée, en consacrant notre être et notre vie à Jésus par Marie, si chaque soir, nous nous endormons dans les bras de Marie, en disant comme Jésus : « Père, entre tes mains, je remets mon esprit », et si entre les deux nous nous efforçons de faire ce qu’il nous demande, en comptant sur sa grâce, nous nous préparons pour le grand passage vers le Père. Car la mort c’est cela : le passage vers le Père. Préparons-le bien, et n’oublions pas nos défunts qui sont encore en chemin, spécialement en ce mois de novembre qui leur est consacré. « Notre prière pour eux, dit le catéchisme (CEC 958) peut non seulement les aider, mais aussi rendre efficace leur intercession en notre faveur.