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Mercredi des Cendres

L’homme pécheur qui s’obstine dans ses travers, dans ses mauvaises habitudes – et nous en avons tous – est comme quelqu’un qui séjourne un certain temps dans une pièce obscure. Il devient, malgré lui, réfractaire à la lumière. Il lui faut une lumière diffuse pour se réadapter progressivement à la lumière sans quoi le plein soleil va lui bruler les yeux. Cette obscurité, c’est le péché. Le péché originel d’abord, dont le baptême nous délivre, mais dont nous gardons une fragilité ; cette obscurité c’est aussi le péché de la société qui génère, consciemment ou non, des structures qui favorisent le laissé aller de notre nature égoïste et impudique ; et enfin c’est notre péché personnel, nos choix délibérés de céder à nos inclinations désordonnées. Tout ceci plonge l’homme dans l’obscurité.

La Bonne nouvelle, c’est que le Christ, par sa mort et sa résurrection, libère pour nous son Esprit miséricordieux, qui nous fait renaître à la lumière, en douceur, sans être aveuglé, sans avoir mal aux yeux, par sa grâce, qui est une lumière douce et respectueuse de notre pauvre condition humaine présente. Le Seigneur nous offre quarante jours bénis pour quitter nos obscurités, afin d’être bien disposés à recevoir la pleine lumière de la Résurrection de Pâques. Jésus nous donne trois moyens concrets pour nous rendre récéptifs à sa douce lumière : le don, le partage (l’aumône), la prière qui doit être un moment de dialogue véritable avec Dieu, de cœur à cœur qui s’affranchit du regard des autres, et enfin les sacrifices (le jeûne). Trois pratiques qui nous purifient, et nous disposent à recevoir ses grâces, si nous les pratiquons en vue d’aimer Dieu et le prochain, et non en vue d’une performance ou pour cultiver une belle image de soi.

Pas de recherche de soi-même ! Ne jeûnons pas pour des motifs esthétiques, jeûnons plutôt pour nous désintoxiquer de l’égoïsme, de la recherche du bien-être qui nous est tellement facile dans nos pays nantis que nous nous rendons même plus compte que nous faisons partie d’un tout petit pourcentage de privilégiés; le jeûne nous rend plus solidaire des démunis, et plus humbles, plus à l’écoute de Dieu, plus attentifs aux besoins de nos frères. Et vous savez que la prière et le jeûne sont des armes efficaces pour combattre le mal et le malin. (Ces espèces-là ne se chassent que par le jeûne et la prière Mc 9, 29)

Il y a interaction entre ces pratiques ; elles sont même indissociables. Mon jeûne n’a de valeur que si je pratique l’aumône, et la prière me rappelle que tout ce que je fais de bon, c’est Dieu qui le fait par son amour répandu en mon cœur ; je ne dois donc m’attribuer aucuns mérites. L’aumône, la prière et le jeûne me seront profitables et profitables aux autres, que si elles me ramènent à cette conviction fondamentale que « Dieu est Amour ». Dieu m’aime follement, quels que puissent être mes péchés (qu’il excècre) et il attend en retour un peu d’amour, cet amour aux trois facettes évangéliques, que sont la prière, le jeûne et l’aumône. Que Marie nous accompagne au long de ce Carême, pour opérer joyeusement ce retour à la lumière qui est un retour à l’amour de Dieu et de nos frères.

Commentaire (1)

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    carole says:

    Merci pour cette belle homélie qui nous aide de la plus belle façon à commencer merveilleusement ce carême pour l’amour de Dieu et de tous nos frères et soeurs!

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