Jésus nous parle du Règne de Dieu. Ce Règne est déjà là, mais pas encore pleinement manifesté (c’est le moins qu’on puisse dire). Il est déjà là, inauguré par le don que Jésus nous a fait de sa vie, par sa passion, sa mort et sa résurrection, et par l’envoi du Saint-Esprit. Mais pour qu’il soit manifesté en plénitude, il faut l’adhésion de chacun à l’Amour, non pas l’amour terrestre qui consiste à suivre ses instincts, ses émotions d’un moment, mais l’Amour qui consiste à plaire à Dieu, à chercher sa volonté. C’est pourquoi l’apôtre Paul parle de l’ambition qui doit nous habiter de faire le bon plaisir de Dieu. C’est cela que Dieu regardera à l’heure du jugement : avons-nous fait le bon plaisir de Dieu ?
Notre condition d’homme blessée, nous empêche de voir Dieu et d’être semblable à lui. Pourtant c’est pour cela que nous avons été créés. C’est pourquoi notre désir du Royaume qui est un saint désir, doit s’accompagner de notre détermination à nous mettre à l’école du Saint-Esprit. Cela suppose le baptême, mais aussi le désir de suivre le Christ en tout ce qu’il nous demande. Et ce qu’il nous demande c’est de l’aimer, en gardant sa Parole, en faisant la volonté de son Père comme nous l’entendions dimanche dernier.
Dans l’évangile, Jésus utilise deux images, deux paraboles pour décrire ce Règne de Dieu. Il en est comme d’un homme qui jette du grain, jour et nuit. Cet homme c’est Jésus qui envoie son Esprit sur tous, de jour comme de nuit, pour les transformer de l’intérieur et les rendre féconds pour son Règne qui vient dans sa plénitude. Dieu sème avec largesse. Il sème dans les cœurs la foi, l’espérance, la charité, et toutes les vertus, par son Esprit, soutenu par ses sept dons sacrés. Il le fait à travers les sacrements, à travers la prière personnelle et communautaire et à travers l’amour que nous mettons dans toutes nos actions. Il revient à chacun d’accueillir l’Esprit, ou de s’en détourner. Plus l’âme est pure, humble et généreuse, plus l’Esprit se donne, c’est pourquoi Jésus dira « Laissez venir à Moi les petits enfants ». Jésus est le Semeur ; l’Eglise est la bonne terre qui accueille la semence ; et la semence qui germe, c’est l’Esprit de Dieu qui rejoint le cœur de chacun pour le transformer et le rendre semblable à Lui, afin qu’il devienne à son tour semeur, de foi, d’espérance et d’amour, ou selon la seconde parabole, qu’il devienne un grand arbre où tous les oiseaux du ciel, c’est à dire toutes les créatures destinées au royaume y trouve abris c’est à dire paix et consolation.
Dans cette deuxième parabole le grand arbre était d’abord une graine de moutarde toute petite, toute humble. Il faut consentir à être tout-petit dans la Main du Seigneur, et à se laisser faire, pour qu’Il puisse agir avec puissance. Car en fin de compte, c’est Dieu qui fait tout ; c’est Dieu qui ouvre les cœurs, c’est Dieu qui les fait grandir par son Esprit et qui les rend mûrs pour la moisson, c’est à dire pour le Royaume. Cette petitesse ne doit pas nous faire peur ni nous faire rougir car elle est notre force. C’est le chemin que Dieu a choisi pour venir à nous. Cette petitesse a un nom : la Vierge Marie. Elle est la main que nous devons tenir pour venir à Lui. Il n’y a pas de progrès véritable si nous ne redevenons pas tout-petits, comme Il s’est fait tout petit. Il s’est fait tout petit, tout humble dans le Saint Sacrement, pour qu’à force de le contempler, à force de l’adorer, nous lui ressemblions. Saisissons ces occasions qui nous sont données de l’adorer avec Marie, et nous produirons du fruit et nous deviendrons un grand arbre où beaucoup trouveront un ombrage, comme ce cèdre à l’entrée du sanctuaire.