13ème dimanche C

Les textes de ce dimanche nous invitent à l’urgence de la mission. Cette mission est capitale car elle conditionne l’avenir de l’homme et du monde. Le monde, depuis le péché de nos premiers parents est assujetti au pouvoir des ténèbres. Il subit ce que l’on appelle le mystère d’iniquité, c’est à dire cette influence mauvaise qui le tire vers le bas, vers l’orgueil, l’égoïsme et l’impudicité de la chair. Or l’humanité est appelée à retrouver, par le Saint-Esprit, la liberté des enfants de Dieu, et au final c’est tout le cosmos qui sera délivré de l’esclavage de la corruption (st Paul) c’est à dire de ce désordre qui affecte même les lois naturelles, à cause du péché qui est dans le coeur de l’homme. Sachant cela, sachant ce merveilleux plan divin, on comprend mieux la réaction d’Elie à l’égard d’Elisée qui veut embrasser ses parents, tout comme la réaction de Jésus qui réplique sévèrement à celui qu’il appelle à sa suite : « laisse les morts enterrer leurs morts ; toi, annonce le règne de Dieu ».

Enterrer un mort, c’est une bonne œuvre, c’est même une oeuvre de miséricorde ; mais Jésus ne met pas sur le même plan les bonnes œuvres que l’homme accomplit parce qu’il a du cœur, et la mission divine, la mission du Christ, la mission de l’Esprit, la Mission de l’Eglise, qui consiste à faire advenir le Royaume. Enterrer un mort est une oeuvre de miséricorde qui fait advenir le Royaume, à condition qu’elle soit faite au nom du Christ et pour sa gloire, et non au nom de notre seule bonté humaine. L’œuvre bonne de l’homme charnel est pour ce monde, qui finira un jour ; mais cette même oeuvre bonne, si elle devient l’œuvre de Dieu parce qu’elle est accomplie au nom du Christ et pour sa gloire, elle a un impact autrement plus considérable car elle prépare le monde à venir, en transformant les cœurs, et en renouvelant le cosmos. L’œuvre divine, passe par les membres du Corps du Christ que sont les croyants vivants, c’est à dire ceux qui qui vivent de son Esprit Saint, et qui donnent ainsi à leurs actions une valeur infinie. L’homme « mondain », je veux dire l’homme formaté par l’esprit du monde, travaille pour un fruit visible ; l’homme de Dieu travaille pour un fruit qui ne se mesure pas forcément ici-bas, mais qui demeure en vie éternelle. Les progrès de la technologie sont séduisants, mais que sont-ils, comparé à la transformation cosmique qu’opère le Saint-Esprit qui purifie les âmes, qui les sanctifient, jusqu’à ce qu’elles deviennent pleinement libres de choisir le bien et de rejeter le mal, de servir le prochain au lieu de le combattre.

On œuvre à la mission du Christ qui seule sauve l’homme et le cosmos, en obéissant à son Commandement d’amour. Cela exclut toute recherche de vaine gloire humaine, de volonté de puissance : « veux-tu que nous ordonnions que le feu tombe du ciel pour détruire ceux qui ne t’accueillent pas ? » – Vive réaction de Jésus ! Celui qui sert le Christ n’est pas un puissant, mais est un agneau, qui n’a pas d’endroit où reposer la tête parce qu’il doit être en continuelle vigilance pour déjouer les pièges du Tentateur. « Qui met la main à la charrue et regarde en arrière n’est pas fait pour le Royaume de Dieu ». On ne peut pas travailler à l’avènement du monde à venir, tout en restant attaché à ce monde corrompu et à ses convoitises. L’Ennemi le plus redoutable n’est pas à l’extérieur de nous, il est en nous ; pour le désarmer, il nous faut vivre de l’Esprit du Seigneur, il nous faut vivre du Christ, et pour cela nous avons un chemin plus facile qui est l’école de Marie, l’école de l’humilité et de l’amour en actes, en se reconnaissant incapables d’aucun bien sans le secours de la grâce de Dieu, et en mettant toute notre confiance en l’infinie miséricorde du Seigneur.

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