« Frères, n’attristez pas le Saint Esprit de Dieu qui vous a marqués de son sceau en vue du jour de votre délivrance ». Cette phrase de St Paul est à encadrer, car elle nous dit le sens de notre vie et le sens de l’histoire. Ce jour de notre délivrance, c’est le jour de la rédemption de notre corps, qui adviendra à l’Avènement glorieux du Seigneur, c’est à dire « bientôt » nous dit l’Apocalypse. Alors il fera entrer tous ceux qui l’attendent, dans sa gloire, et ceux qui ne l’attendent pas, Il les réveillera parce qu’Il vient d’abord en Roi de miséricorde avant de venir en Juste Juge. Comment ne pas désirer ce jour, qui nous fera voir Notre Bien-aimé, et qui signera notre victoire sur le mal, la souffrance et la mort ? Cette victoire nous est acquise par le Sang du Christ et par sa Résurrection.
Notre vie sur la terre nous est donnée pour atteindre ce but de notre délivrance. Chaque Eucharistie nous le rappelle : « Nous annonçons ta mort, Seigneur Jésus, nous proclamons ta résurrection, nous attendons ta venue dans la gloire. Voilà les trois fondements spirituels qui doivent retenir toute notre attention, ici-bas, pour ne pas nous égarer, voir nous perdre : Sa mort c’est à dire Son Sang versé, sa Résurrection qui libère pour nous le Saint-Esprit, qui nous sanctifie, et sa Venue prochaine dans la gloire qui nourrit notre espérance au cœur des ténèbres du monde présent. Or ces trois réalités sont actualisées pour nous à chaque Messe. Attachons-nous à Son Sang versé pour nous, attachons-nous à Son Feu qui nous rend saints, attachons-nous à son Retour dans le gloire pour que jamais l’espérance ne nous manque. C’est notre union au Christ qui nous fait devenir ce que nous devons être. Le baptême en est le commencement, c’est le sceau dont nous avons été marqués qui nous rend capable de sa Vie divine. Et ce sceau est comme réactualisé chaque fois que nous recevons son Pardon à la confession et que nous recevons sa Manne céleste, la Sainte Eucharistie, avec un cœur bien disposé, c’est à dire dans l’humilité. Quand je dis que le baptême en est le commencement, ce n’est pas tout à fait juste, car le véritable commencement c’est le désir. Rien de sérieux ne se fait sans le désir. Demandons-le si nous ne l’avons pas assez, puisque Dieu nous donnera à la mesure de notre désir. Demandons plus de désir de la prière, plus de désir des sacrements, plus de désir d’aider notre prochain.
La Sainte Eucharistie, Pain Vivant descendu du ciel, les Pères de l’Eglise l’appellent le Pain de l’immortalité. Elle est notre nourriture et notre réconfort au milieu des peines de cette vie, comme le suggère la 1ère lecture: Elie n’en peut plus, il est découragé. Il retrouve force et courage grâce au pain céleste, que lui donne l’ange à deux reprises. Mais Jésus se fait nourriture pas seulement dans l’Eucharistie, dans tous les sacrements : la confirmation nous arme pour le combat du témoignage, le sacrement du Pardon nous purifie de nos erreurs et guérit nos blessures ; le sacrement de mariage fait régner le Christ et sa Sainte Mère au cœur du foyer.
Quand Jésus dit : « le pain que je donnerai, c’est ma chair, pour que le monde ait la vie », Il annonce le don de la Sainte Eucharistie, le plus grand de ses cadeaux fait aux hommes pour le renouvellement du monde. C’est vers ce renouvellement que nous allons, et non vers une destruction, si nous avons la foi (même s’il est vrai que nous devons passer par une terrible purification, à cause de l’endurcissement du monde). Plus nous nous unissons à Jésus, rendu présent dans l’humble hostie, avec Son Corps, Son Sang, Son Âme et Sa Divinité, mieux nous nous préparons au Jour de notre délivrance, la nôtre et celle du monde entier. « Manger sa chair » ne signifie pas seulement communier à la Sainte Hostie, cela signifie – et c’est beaucoup plus exigeant – « communier à Son Amour crucifié, comme le dit st Paul : « Vivez dans l’amour comme le Christ nous a aimés et s’est livré pour nous en sacrifice à Dieu ». Cela suppose de se purifier de tout ce qui fait obstacle à l’amour, à la douceur, à l’humilité du Christ : « amertume, emportement, colère, éclat de voix », tout cela « doit disparaître », pour que triomphe la tendresse et la miséricorde. Faisons avec Jésus et Marie, triompher la miséricorde dans nos vies, et le jour de notre délivrance sera un éternel printemps pour la plus grande gloire de Dieu, pour la joie du monde, et pour notre bonheur incommensurable. Amen