22ème dimanche T Ord B

Jésus ne mâche pas ses mots dans cet évangile. Il traite les scribes et les pharisiens d’hypocrites, leur reprochant de laisser de côté le commandement de Dieu, pour des traditions humaines. Le commandement de Dieu est celui de l’Amour, qui a deux facettes : l’amour de Dieu et l’amour du prochain. Ce que Jésus appelle « les traditions des anciens » sont une multitude de rites extérieurs, imposés au fil du temps par les autorités religieuses, pour rappeler au peuple juif, qu’il est le peuple élu de Dieu, et qu’il doit éviter de se mêler aux autres peuples, au risque de se compromettre, car il ne doit pas perdre la vraie foi dans le Dieu Unique, qui lui a été révélée, à travers Abraham, Moïse et les prophètes.
Le problème n’est pas dans les rites, élaborés encore une fois pour se rappeler l’Amour du Père pour son peuple, mais de faire de ces rites extérieurs un absolu, comme s’ils remplaçaient le commandement alors qu’ils ont été conçus pour être au service du commandement : Je pratique le rite qui me rappelle l’Amour du Père pour son peuple (la libération de l’esclavage en Egypte) mais en vue d’incarner une réponse d’amour, à travers l’observance de son commandement: « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force, de tout ton esprit » et « Tu aimeras ton prochain comme toi-même ». Jésus appelle « hypocrites » ceux qui se rappellent l’Alliance par le rite, et qui négligent l’observance du commandement !
Mais nuance importante : ce que Jésus leur reproche, ce n’est pas de ne pas parvenir à honorer le commandement de Dieu – car la vérité c’est que personne n’en est capable, personne, sinon le Fils de Dieu qui s’est fait homme justement pour l’accomplir. Ce qu’il leur reproche c’est de perdre de vue le commandement tout en s’attachant au rite. S’ils avaient le commandement au cœur, ils verraient en Jésus Celui qui l’incarne pleinement et ils ne chercheraient pas sa perte.
Nous comprenons pourquoi, au baptême, Jésus vient faire sa demeure dans le cœur de l’homme par le Saint-Esprit , et pourquoi il vient nous vivifier par ce même Esprit dans les sacrements : c’est pour que nous puissions incarner le commandement d’amour. L’acteur principal, c’est toujours le Christ; le Christ en l’homme. Et que fait-il le Christ en nous, quand nous l’accueillons avec sincérité et ferveur ? Il nous réconcilie avec Lui, avec nous-mêmes et avec les autres ; il nous guérit du besoin de paraître, du besoin de se faire valoir aux yeux des autres. Le regard aimant de Dieu sur nous, nous rend libre face au regard des autres.
Et puis, il faut dire aussi qu’en Jésus-Christ, les rites prennent un sens nouveau, non plus celui de la séparation, mais celui de relier les hommes entre eux par le Saint-Esprit, pour contribuer au grand rassemblement à venir, à l’avènement du nouveau règne de son Fils qui exaucera la prière du Notre Père. En somme, pour être concret, ce que nous dit Jésus aujourd’hui, c’est que notre participation à la Messe doit nous conduire à plus d’affection mutuelle, puisque le Christ vit en nous, puisque sa Parole semée en nous, ne doit pas lui revenir sans avoir porté son fruit de charité en actes ; actes envers la veuve et l’orphelin, c’est-à-dire le pauvre, nous dit l’apôtre Jacques ; et si le Christ vit en nous, c’est aussi pour que nous nous gardions de toute forme de corruption, de vice, qui ne rend pas honneur et gloire au temples de Dieu que nous sommes. Et puisque nous sommes tous des pauvres, « demandons et nous recevrons », la grâce de mettre en pratique ce qu’il nous demande, et de ne pas nous contenter de l’écouter.

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