22ème dimanche T Ord

« Passe derrière moi Satan ! » Qu’est-ce qui vaut à Pierre une telle réplique de Jésus ? « Passe derrière moi Satan ! » C’est intéressant pour nous, car Pierre est l’un de ses plus proches disciples, celui à qui il confie d’être le garant de la foi au sein de son Eglise, de sorte que « la puissance de la mort ne l’emporte pas sur elle » comme nous l’avons entendu dimanche dernier. Qu’a dit Pierre de si répréhensible pour que Jésus lui laisse entendre que ses pensées sont inspirées du diable ? Il a l’audace, tout simplement, de s’opposer à la volonté de Dieu, au Dessein de Dieu, qui est que Jésus doit souffrir et mourir avant de ressusciter le troisième jour, et cela pour la meilleure des causes : pour la gloire de Dieu et le salut du monde.

« Dieu t’en garde Seigneur ! Cela ne t’arrivera pas. » Jésus ne reproche pas à Pierre l’affection qu’il lui porte et qui lui fait désirer que Jésus ne souffre pas et ne meurt pas, Il ne lui reproche pas son humanité, ce serait un comble! Pierre est humain, il ne veut pas que Celui qu’il aime, en qui il a placé tout son amour, sa confiance, lui soit enlevé. Nous aussi, nous sommes humains, et quand l’un de nos proches a sa vie en danger, on remuerait ciel et terre pour qu’il ne périsse pas. Ce n’est pas son amour que le Seigneur lui reproche, mais son refus de prendre en considération ce qu’il annonce : sa passion, sa mort et sa résurrection. Il refuse le dessein de Dieu. Cela, c’est le péché de Satan. Heureusement Pierre réagit de manière impulsive, sans prendre la mesure de ce qu’il dit, comme c’est souvent le cas pour nous.

Vous apprenez que quelqu’un que vous aimez plus que vous-même a un cancer inopérable et qu’il est condamnée, et au fond de vous-même vous vous dites « Seigneur, comment peux-tu permettre cela, lui qui est si jeune, si bon, si généreux… Seigneur tu le guéris, sans quoi j’en conclurai qu’il n’y a pas de Bon Dieu et je ne mettrai plus les pieds à l’église. » Il y a quelque chose de cet ordre dans la réplique de Pierre : « cela ne t’arrivera pas ! » Mais qui suis-je, pauvre créature pour dire au Créateur dont je dépends entièrement, ce qu’il doit faire ? Jésus annonce à ses disciples que le salut du monde passe par la croix, la Sienne, et la nôtre puisque nous sommes les membres de son Corps.

Notre mission de chrétien n’est pas d’aimer à la manière de ce monde, c’est à dire en profitant égoïstement de ses joies, mais d’aimer à la manière de Dieu, c’est à dire en travaillant avec le Christ, à l’avènement du monde nouveau, qui est un monde de justice, de paix et d’amour. Cela suppose de prier et de consentir aux peines de cette vie. Satan a prise sur ceux qui ne vivent que pour les joies de ce monde, tandis qu’il ne peut plus rien contre ceux qui se soumettent, en tout ce qui leur arrive, à la volonté de Dieu.

Dieu parle par les événements qui nous arrivent, et nous sommes appelés à les assumer, non pas en nous braquant contre la volonté de Dieu parce qu’elle nous est pénible, mais en l’accueillant telle qu’elle est, et en mettant toute notre confiance en Dieu et en sa miséricorde. Cela veut dire crier vers lui, jour et nuit, non pas pour imposer à Dieu notre volonté, mais pour que sa miséricorde l’emporte sur sa justice. Et elle l’emporte toujours quand on le prie humblement, en donnant notre vie pour le salut du monde, comme le fait le prophète Jérémie, et en étant soumis d’avance à ce que Dieu décidera dans sa bonté, sachant qu’il fait tout contribuer au bien de ceux qu’Il aime.

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