23ème dimanche T Ord B

Jésus guérit un sourd-muet. Il inaugure ainsi les temps messianiques prophétisés par Isaïe: « les yeux des aveugles verront, les oreilles des sourds s’ouvriront, le boiteux bondira, la bouche du muet criera de joie ». C’est la « vengeance » de Dieu… qui consiste à faire miséricorde à ses enfants pour les sauver. La pensée de Dieu n’est pas la pensée des hommes ! Jésus fait son miracle dans la Décapole, c’est à dire en milieu païen. Il vient sauver tous les hommes sans faire de différence entre eux. Nous, nous catégorisons souvent, et nous favorisons ceux qui nous ressemblent ou qui nous sont utiles, tant nous sommes centrés sur nous-mêmes et sur nos besoins. Dieu n’est pas ainsi. Chacun est précieux pour Lui, et s’il fait une distinction, c’est pour aller au-devant du plus faible, du plus démuni, du plus en danger.
Ce sourd-muet est amené par des gens qui ont compassion et qui intercèdent pour lui auprès de Jésus: il y a beaucoup de bonté parmi les païens. Cela ne doit pas nous étonner puisque Dieu a créé l’homme à son image et que son Esprit souffle où il veut. Notre nature humaine, même blessée par le péché, est capable de vertu par la grâce de Dieu. Il n’y a pas d’un côté les chrétiens qui seraient les bons et les incroyants qui seraient les méchants. « Dieu seul est bon », dit Jésus. Pourtant il y a une différence qui se situe chez le chrétien vivant qui a rencontré le Christ vivant, et qui ne peut plus se passer de Lui. Celui-là implore sa grâce continuellement, car il a conscience de sa misère, et le remercie continuellement pour ses bienfaits. C’est Toi qui m’a créé, c’est Toi qui me restaure depuis mon baptême, qui me relève quand je tombe, et qui me rend meilleur. C’est pourquoi la prière est la respiration quotidienne du chrétien vivant. Et elle a une puissance qu’on ne soupçonne pas.
Le sourd-muet de l’évangile est la figure de notre humanité devenue étrangère aux réalités d’en haut. Que fait Jésus? Il l’emmène à l’écart loin de la foule, justement, pour qu’il puisse faire cette rencontre personnelle avec Lui; une rencontre qui passe par le toucher de son Corps. « Il lui met les doigts dans les oreilles », « il lui touche la langue avec sa salive », symbole de la sagesse qui sort de la bouche de Dieu. Dieu nous sauve par sa Parole mais aussi par le touché de son Corps. Et son Corps est vivant dans l’Eucharistie. Et son Corps c’est aussi l’Eglise quels que puissent être les péchés de ses membres. Tout péché sombre dans l’abîme de la miséricorde divine quand on se laisse approcher et toucher. « Jésus lève les yeux au ciel et il soupire »… C’est le soupire de l’Esprit qui prie, c’est l’élan du cœur de la prière. On ne rencontre Dieu que dans la prière, et la prière du cœur. Pas la prière récitée comme une mécanique. Notre chapelet quotidien peut être une récitation mécanique ou un élan du cœur véritable. La différence se voit aux fruits : ces vertus souvent imperceptibles, mais qui nous transforment pour ressembler à Jésus, doux, humble et miséricordieux. A chacun, Jésus dit : « Ephata, ouvre-toi; ouvre-toi au Dieu bon et miséricordieux, ouvre-toi à cette vérité merveilleuse de l’Evangile: « Tu es son enfant bien-aimé; ouvre-toi aux autres qui sont tes frères, car nous avons le même Père ».

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