Jésus guérit un sourd-muet. Il inaugure ainsi les temps messianiques prophétisés par Isaïe: « les yeux des aveugles verront, les oreilles des sourds s’ouvriront, le boiteux bondira, la bouche du muet criera de joie ». C’est la « vengeance » de Dieu… qui consiste à faire miséricorde à ses enfants pour les sauver. La pensée de Dieu n’est pas la pensée des hommes ! Jésus fait son miracle dans la Décapole, c’est à dire en milieu païen. Il vient sauver tous les hommes sans faire de différence entre eux. Nous, nous catégorisons souvent, et nous favorisons ceux qui nous ressemblent, tant nous sommes naturellement centrés sur nous-mêmes. Dieu n’est pas ainsi. Pour Lui chacun est précieux, et s’il fait une distinction, c’est pour aller au-devant non pas du plus fort, mais du plus faible, du plus démuni, du plus vulnérable.
Ce sourd-muet est amené par des gens qui ont compassion et qui intercèdent pour lui auprès de Jésus: il y a beaucoup de bonté parmi les païens. Cela ne doit pas nous étonner puisque tout homme est créé à son image et que l’Esprit Saint souffle où il veut même à l’insu de celui qui en reçoit l’inspiration. Il n’y a pas les bons d’un côté qui seraient les chrétiens et les méchants de l’autre qui seraient les incroyants. « Dieu seul est bon » dit Jésus. Simplement le chrétien (je ne parle pas de celui n’a qu’une inscription sur un registre de baptême) mais le chrétien qui vit du Christ parce qu’il se nourrit de Lui, parce qu’il le prie tous les jours, et qui met en pratique ses commandements, multiplie ses chances d’être bon, par osmose. Et cette bonté s’exerce avec une conscience de plus en plus aiguisée de sa misère, et en reconnaissant les bienfaits de Dieu : « Seigneur, c’est Toi qui m’a créé, c’est Toi qui me restaure en me nourrissant de Ta Vie, c’est toi qui me relève quand je tombe, c’est Toi qui me rend meilleur ». Vous voyez, la prière devient la respiration quotidienne du chrétien vivant. Cette respiration pénétrée d’action de grâce a une puissance qu’on ne soupçonne pas !…
Le sourd-muet de l’évangile est en quelque sorte la figure de notre humanité fermée aux réalités d’en haut parce que ses préoccupations sont ailleurs. Que fait Jésus? Il l’emmène à l’écart loin de la foule, pour qu’il puisse faire une rencontre personnelle avec Lui ; une rencontre qui passe par le toucher de son Corps. « Il lui met les doigts dans les oreilles », « il lui touche la langue avec sa salive », symbole de la sagesse qui sort de Sa bouche. Dieu nous sauve par sa Parole et par le touché de son Corps. Son Corps vivant dans l’Eucharistie, et Son Corps qui est l’Église, quels que puissent être les péchés de ses membres. Attachons-nous à l’Église et à son trésor, l’Eucharistie. Tout péché sombrera dans l’abîme de sa miséricorde divine à qui sait s’en approcher en reconnaissant sa misère. « Jésus lève les yeux au ciel et soupire »… C’est le soupire de l’Esprit qui agit, quand les cœurs sont ouverts par la prière du coeur. A chacun de nous, Jésus dit : « Ephata, ouvre-toi » ; « ouvre-toi à ma miséricorde infinie, en te mettant à l’école de ma Mère dont nous fêtons la Nativité aujourd’hui ». Amen