St Luc a réuni trois paraboles pour nous parler de la Miséricorde de Dieu. C’est que nous avons beaucoup de mal à penser que le Seigneur puisse aimer à ce point le pécheur. Si vous le permettez, je vais ajouter encore une petite histoire pour que nous comprenions ce que veut dire la miséricorde : Une chrétienne arrive à la porte du Paradis et St Pierre l’accueille avec beaucoup de bienveillance : « ma chère enfant, lui dit-il, j’ai la clé pour vous laisser entrer, mais d’abord, parlez-moi de vous…
– Oh pour ça mon bon St Pierre, soyez rassuré, je suis une bonne chrétienne ! oh, je ne suis pas une sainte, loin de là, ce serait de la présomption, mais tout de même je dois reconnaître que j’ai été fidèle à mon mari toute ma vie ; j’ai élevé mes enfants le plus chrétiennement possible; j’ai toujours payé mon denier du culte ; j’ai été catéchiste pendant – tenez-vous bien – 20 ans de ma vie ! J’ai fait parti du secours catholique, et quand je peux donner un coup de main quelque part, je le fais… voilà pour l ‘essentiel … »
St Pierre lui dit : « Et c’est tout ?!! » Alors, un peu gênée, elle réfléchit, et elle ajoute : Ah oui, la croix, j’oubliais la croix ! il m’a fallu supporter ma belle-mère et ma belle-fille particulièrement pénibles… et tout ce que j’ai fait pour mes vieux parents dépressifs ! et aussi le pardon que j’ai donné à ma sœur malgré l’héritage qui l’a favorisée… Elle regarde St Pierre qui fronce encore les sourcils, insatisfait… elle commence à pâlir, plonge sa tête dans ses mains, et tout d’un coup, une inspiration soudaine lui vient : « Mais bien sûr ! Comment n’y avais-je pas pensé plus tôt : le culte et la prière ! Je n’ai jamais manqué la messe du dimanche ni ma prière du matin et du soir… » Elle s’attend à avoir prononcé la formule magique, comme celle d’Ali Baba, et voilà que st Pierre désolé lui dit : « Ecoutez, je regrette, mais c’est insuffisant…»
Alors toute dépitée, elle fond en larmes et se tourne vers la Vierge Marie et lui dit d’un ton suppliant : « Oh ma Bonne Mère, venez au secours de votre enfant, je suis perdue !» A ce moment là, le visage de St Pierre s’éclaire : « cette fois je peux faire quelque chose pour vous et la Porte du salut s’ouvre pour cette pauvre âme»…
Moralité : Rappelons-nous toujours que c’est la miséricorde du Seigneur qui nous ouvre le ciel, et non nos bonnes oeuvres. Cette miséricorde, Marie en est la trésorière. Comme il nous est nécessaire de recourir à elle ! Bien sûr, nous pouvons faire plein de bonnes choses pour plaire à Dieu, et c’est grand de pouvoir travailler pour Dieu, mais si nous nous appuyons sur ces choses pensant par elles « mériter » le ciel, nous nous trompons. Ce sera toujours insuffisant.
C’est la miséricorde qui nous sauve, et elle seule. La Miséricorde, c’est l’attrait irrésistible de Dieu pour le pécheur. Et heureusement, car nous sommes foncièrement pécheurs. Mais encore faut-il le reconnaître et pouvoir dire 10, 20, 50 fois par jour avec sincérité : « Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour nous, pauvres pécheurs ». Si nous comptons sur nos qualités naturelles, et sur nos performances pour « mériter » le ciel, nous faisons fausse route, car alors, ce sont nos œuvres que nous accomplissons, nos oeuvres imparfaites, entâchées d’amour propre. C’est l’œuvre de Dieu qui sauve le monde et les âmes, et cette œuvre, si elle peut passer par les pauvres pécheurs que nous sommes, c’est dans la mesure où nous avons l’humilité de nous reconnaître foncièrement idolâtres comme les hébreux au désert (Ex 32), et donc d’y remédier en demandant tout à Dieu, la tête baissée, en comptant sur la Maman qu’Il nous a donné. « Voici une parole digne de foi, qui mérite d’être accueillie sans réserve : le Christ Jésus est venu dans le monde pour sauver les pécheurs ; et moi, dit St Paul, le premier je suis pécheur. » Croyons-le : il y aura de la joie pour un seul pécheur qui se convertit, plus que pour 99 justes qui n’ont pas besoin de conversion. Alors convertissons-nous chaque jour, avec Marie, et nous donnerons beaucoup de joie à Jésus et à tous les saints du ciel.