24ème dimanche T Ord

Jésus nous parlait dimanche dernier de la nécessité de la correction fraternelle quand notre prochain est en danger de se perdre; il nous parle aujourd’hui de la nécessité du pardon, « jusqu’à 70 fois 7 fois » c’est à dire toujours, sans se lasser. L’enjeu est grand, c’est celui de la paix de notre âme, qui induit la paix dans les familles, dans les communautés, dans les nations et finalement dans la terre entière. Dès que nous cessons de pardonner, s’installent en notre cœur « colère et rancune » que le livre du Siracide tient pour « abominables » parce que leurs effets sont destructeurs.

Laisser la colère et la rancune s’installer, revient à pactiser avec le diable et à chasser Jésus de notre âme. St Paul dit aux éphésiens: « Ne contristez pas l’Esprit Saint qui vous a marqué de son sceau pour le Jour du Salut, mais faites disparaître de votre vie tout ce qui est amertume, emportement, colère, éclat de voix et toute espèce de méchanceté » (Eph 4, 30) Jésus est notre paix. Si nous perdons la paix, parce que nous consentons à la colère et à la rancune, sans lutter contre elles, c’est Jésus que nous perdons, Jésus et sa miséricorde.

Pourtant, nous rappelle St Paul aux Romains (14, 8), « nous appartenons au Seigneur dans notre vie comme dans notre mort », cela veut dire que nous sommes totalement dépendants de Lui, que nous lui sommes redevables de tout. Si nous cultivons un mauvais cœur, en refusant de pardonner, nous devrons supporter sa justice, c’est à dire sa Lumière et sa Vérité, qui nous rappelleront la dette considérable que nous lui devons, et il nous semblera normal de la satisfaire. C’est le sens de la souffrance que vivent les âmes du Purgatoire. Une souffrance d’autant plus pénible que nous avons refusé sur la terre de faire miséricorde.

Vous connaissez ce dialogue que Lucie de Fatima a eu avec la Vierge Marie en 1917 ? Quand Marie lui dit qu’elle vient du ciel, Lucie lui demande spontanément si l’amie de sa sœur, Maria est au ciel. Elle lui répond oui ; et Amélia son autre amie ? (une jeune qui est morte alors qu’elle avait entre 18 et 20 ans) la Vierge a cette réponse qui tombe comme un couperet: « elle est au purgatoire jusqu’à la fin du monde ». Illustration de l’avertissement que donne Jésus dans l’évangile. Peut-être est-elle partie le cœur fermé par la colère et la rancune ?

Souvent on entend dire: « je veux bien pardonner mais qu’il commence par demander pardon et par réparer l’offense qu’il m’a faite… » Mais si ton frère a moins de lumière que toi sur la dette qu’il a envers Dieu, c’est à dire sur son état de pécheur, qu’il ne voit pas son péché, et si par dessus le marché il se sent lui aussi offensé, tu pourras attendre longtemps… et quelle perte de temps lourde de conséquence, car ta blessure s’infecte par la colère et la rancune qui s’installent dans ton cœur, empêchant l’action guérissante du Seigneur. Or Lui seul peut guérir nos blessures ; pour cela il faut pardonner, et si l’on n’y arrive pas, il faut désirer pardonner, en suppliant le Seigneur de nous accorder cette grâce. Et nous montrons notre bonne volonté, en priant pour celui que nous avons du mal à aimer, en le bénissant : « Seigneur transforme son cœur », et en nous confessant de notre manque d’amour. Ce sont nos armes. St Augustin a cette parole éclairante : « Il t’a offensé, et en t’offensant il s’est fait une profonde blessure : n’as-tu aucun souci de la blessure de ton frère ? (…) Oublie donc l’injure qui t’est faite, mais non pas la blessure dont souffre ton frère ». Pardonnons toujours, ne gardons rien et le ciel sera pour nous !

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