Dans cet évangile, nous voyons les apôtres pris en flagrant délit de volonté de puissance, cherchant à savoir qui d’entre eux était le plus grand. Preuve que Jésus n’a pas choisi les meilleurs, Il a choisi des êtres comme tout le monde, blessés, en mal de reconnaissance, en mal d’amour, avec un secret besoin de s’affirmer, d’être les meilleurs… on en sait l’origine : un besoin d’être aimé. Mais l’esprit du monde induit que pour être aimable, il faut être fort, intelligent, beau, brillant, etc… Sinon on ne te regarde pas. Les apôtres ne sont pas encore conscients de la révolution que le Seigneur est venu opérer dans les cœurs ; il leur faudra la lumière de Pâques et celle de la Pentecôte pour comprendre que son Amour ne se mérite pas, il est gratuit ! Donc pas besoin de bomber le torse avec Jésus, pas besoin de paraître meilleur que l’on est. L’ambition et la recherche de pouvoir sont des mécanismes du vieil homme suscités par la convoitise, et cela conduit les hommes à s’opposer, à se quereller, à s’endurcir, et à l’échelle des nations, cela mène à des guerres fratricides…
« D’où viennent les guerres ? » demande l’apôtre st Jacques : « de ces désirs, de ces convoitises qui luttent en vous », « vous êtes pleins de convoitises, et vous n’obtenez rien, alors vous tuez » L’idolâtrie de l’argent, conduit à ces tristes extrémités. Ce qui fait sortir l’homme de cette spirale du mal, c’est de retrouver une relation filiale avec Dieu par la prière. St Jacques ne dit pas autre chose : « vous n’obtenez rien parce que vous ne demandez pas, et quand vous demandez, vous ne recevez rien parce que vos demandes sont mauvaises, car centrées sur vos désirs terrestres et uniquement sur cela. » Jésus nous dit : « cherchez d’abord le Royaume et sa justice, et tout le reste vous sera donné par surcroît ». Or ce Royaume et sa justice, c’est le Christ lui-même, qui nous montre le chemin : « Si quelqu’un veut être le premier, qu’il soit le dernier de tous et le serviteur de tous. » L’humilité et l’esprit de service, sont les antidotes de la convoitise qui pousse les hommes à se défier et à s’entre-déchirer.
Mais pour que s’opère le changement attendu dans le cœur de l’homme, il faut rencontrer le Dieu vivant ; se laisser séduire par son Cœur, doux, humble et miséricordieux ; il faut comprendre que Jésus est à l’image de l’enfant innocent qu’Il prend dans ses bras et qu’il place au milieu de ses disciples. « Quiconque accueille un enfant comme celui-ci, c’est moi qu’il accueille ». C’est dans la vulnérabilité, la petitesse, et la pauvreté que Dieu se révèle. « Je ne peux craindre un Dieu qui s’est fait si petit » dit Ste Thérèse. Voulons-nous que Dieu se révèle à notre cœur ? décidons-nous à le prier chaque jour, à le rencontrer dans l’Eucharistie, à l’adorer, à le servir dans les pauvres… Il nous bénira, nous fortifiera, et peu à peu nous verrons nos doutes se dissiper, nos systèmes de défense devenir inutiles. Il nous affranchira de nos tendances mauvaises, par son amour qui nous guérit et nous comble. Consolé par Lui, nous consolerons les autres ; nous quitterons définitivement la mentalité égocentrique du monde pour celle du Royaume, et au final, nous serons les plus heureux parce que conscients d’être follement aimés de Celui qui nous a créés et nous a tout donné.