26ème dimanche C

Une lecture un peu superficielle de cette parabole pourrait la rendre stérile pour nous. Il est clair que son objectif est de nous renvoyer à notre rapport à la richesse et à la pauvreté. Une parabole force toujours un peu le trait des personnages qu’il met en scène avec le risque qu’on ne se sente pas concerné. Par exemple on peut se dire par rapport à la richesse: « moi j’ai ce qu’il me faut pour vivre, mais je ne fais pas bombance, donc je ne suis pas visé par la parabole, quant aux pauvres que je rencontre parfois, c’est vrai que je ne leur donne rien, mais dans le pays qui est le nôtre, il y a des structures sociales adéquates pour leur venir en aide, et après tout je donne chaque année mon obole au secours catholique et aux restos du coeur. Donc tout va bien pour moi, je suis dans les clous. Or la Parole de Dieu est faite pour me déranger et me remettre en question, sinon je me fais illusion comme les pharisiens.
C’est l’esprit de la parabole qu’il faut saisir, et la vérité, c’est qu’il y a un mauvais riche en chacun de nous… pas en permanence, mais à certains moments, quand nous gardons jalousement pour nous ce que nous avons, au lieu d’avoir le sens du partage. On pense spontanément aux biens matériels, mais nos richesses ne sont pas faites que de biens matériels. Nous avons des richesses humaines, des richesses spirituelles à partager ; surtout que dans nos pays nantis, les misères les plus dramatiques sont souvent cachées et intérieures, et le taux élevé de suicides dans nos pays en est bien la preuve.
En fait, est-ce que l’on n’est pas toujours riche de quelque chose à donner ? Nous chrétiens, est-ce que nous n’avons pas le devoir de partager ce que nous avons reçu ?
Par exemple, nous, chrétiens pratiquants, nous sommes riches de l’Amour de Dieu qui nous saisit à chaque Eucharistie. (vous, pieds noirs, vous êtes riches de toutes ces traditions populaires qui ont marqué votre jeunesse, et qui favorisent la piété ; vous ne devez pas les laisser se perdre, ni en perdre le véritable sens qui est la fidélité au Christ… on ne reçoit pas Jésus pour soi tout seul, mais pour un rayonnement qui nous dépasse. Si nous gardons pour nous le don qui nous est fait au lieu de le partager, nous tombons dans le piège du mauvais riche.
Le don de la foi, de l’espérance et de l’amour que nous recevons au baptême et à chaque Eucharistie, grandit quand nous le partageons avec d’autres, sinon il s’épuise. C’est pourquoi la vie en Eglise est si importante. Et c’est pourquoi aussi l’Eglise doit être tournée vers le monde extérieur et ne pas se regarder elle-même ; on ne cultive pas une semence isolément ; c’est ensemble qu’elles doivent pousser même s’il faut, en grandissant donner à chacun l’espace qui lui convient. L’Eglise est une Mère qui nous nourrit à la mamelle de la grâce par la prière et par les sacrements.
Nous sommes appelés à rayonner le Christ, et ce rayonnement ne dépend pas de notre générosité naturelle, de nos bonnes actions passagères ; il dépend essentiellement de la Miséricorde de Dieu qui nous est gratuitement offerte en Eglise. Avec elle, rayonnons la vie de Dieu, la paix de Dieu, la joie de Dieu et accueillons les pauvres qui sont nos maîtres.

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