La liturgie de ce jour nous parle de guérisons, et de guérisons d’étrangers. Naaman le syrien dans le deuxième livre des Rois et le samaritain dans l’évangile, ce qui montre bien que Dieu ne fait pas de différence entre ses enfants. Il ne regarde pas à leur appartenance religieuse pour les toucher et les guérir. En revanche il demande qu’il y ait une démarche de foi sincère et une droiture de cœur, qui suppose de savoir dire merci à l’Auteur de tout bien qui est Dieu. Parmi les dix lépreux de l’évangile, seul l’étranger samaritain rend grâce à Dieu. Les autres qui ne sont pas étrangers, qui appartiennent à la même culture religiese que le Christ, ne viennent pas rendre grâce à Dieu. Ils sont pourtant guéris, mais ils ne sont pas sauvés car la guérison n’a pas transformé leur cœur. Pourquoi ? Ils ne cherchaient pas la vérité qui est Dieu, ils cherchaient un bonheur purement terrestre qu’ils ont eu. Ils sont partis avec ce qu’ils cherchaient. Jésus est attristé quand le miracle qu’il accomplit ne conduit pas au salut, c’est à dire à la guérison de tout l’être. Jésus n’est pas un guérisseur, il est le Sauveur, et il nous sauve par la foi si notre quête est sincère.
Je me souviens, lorsque j’étais curé, d’un jeune homme qui s’était rapproché de l’Eglise en participant à un parcours alpha. Et il avait repris le chemin de la messe dominicale, et puis un beau jour j’ai cessé de le voir… Comme il était agriculteur je me suis dit qu’il avait beaucoup de travail à sa ferme…Un mois passe, deux mois, et puis je me décide à frapper à sa porte. On s’asseoit, on s’échange les nouvelles et je finis par lui demander les raisons de son absence à l’église. Il me répond : « Je me suis fait une entorse à la cheville qui m’a paralysé pendant une semaine, et je me suis rappelé que j’avais un cousin guérisseur. Je suis allé le voir, il m’a fait instantanément disparaître l’entorse en passant la main au dessus de ma cheville, et depuis, je dois reconnaître que j’ai un peu perdu la motivation de la messe…
« Eucharistie » signifie « action de grâce »… Comme on doit être vigilant! et se demander quel bonheur on recherche, et où en est notre action de grâce. L’action de grâce est en quelque sorte le révélateur de la santé de notre âme. Si nous perdons l’énergie de l’Eucharistie, l’énergie de la prière, et de l’action de grâce, c’est que nous sommes en danger, que nous recherchons un autre bonheur que celui que Dieu veut nous donner, nous cherchons le bonheur de ce monde de convoitises, au lieu de chercher la vérité qui est Dieu, source et accomplissement de notre bonheur. « Tu nous as fait pour toi, Seigneur, et notre cœur est sans repos, tant qu’il ne demeure en Toi. » dit st Augustin. L’action de grâce consiste aussi à tenir bon dans l’épreuve, en se souvenant que Dieu est innocent du mal, et qu’Il est là plus que jamais quand la souffrance inévitable est au rendez-vous: « si nous supportons l’épreuve, avec lui nous règnerons » dit st Paul à Timothée. Un jour, un autre paroissien vient me voir et me dit : Père, vous aviez raison… – tant mieux si cela m’arrive de temps en temps – oui, me dit-il, mon fils Christophe a eu un zona, et alors que j’allais prendre contact avec une guérisseuse que l’on m’avait indiqué, je me suis souvenu de votre homélie où vous nous aviez mis en garde contre ce type de consultations et encouragé plutôt à prendre de l’eau de Lourdes et à se confier à la Vierge Marie… C’est ce que j’ai fait : Je lui ai frictionné la tête avec de l’eau de Lourdes en disant des Ave Maria. Eh bien, le feu qui le brûlait a cessé aussitôt, et depuis, nous disons une dizaine de chapelet tous les soirs. Toute notre famille s’en est trouvée fortifiée dans la foi. » Le Seigneur ici a atteint son but : fortifier la foi qui nous rend plus dépendant de Lui, et donc plus humbles et plus reconnaissants.