Zachée est un grand personnage de la ville de Jéricho, chef des collecteurs d’impôts, donc un homme riche, influent, mais aussi corrompu, comme beaucoup de gens de sa profession. On voit dans cet épisode combien Jésus ne méprise personne. Même les riches qui s’accaparent leur richesse en vivant dans un luxe indécent, sont regardés et aimés de Jésus, car il y a toujours du bon en l’homme.
Et la preuve en est que le miracle se produit : Zachée se convertit, malgré la célèbre sentence de Jésus : « comme il est difficile à un riche d’entrer dans le Royaume des cieux ». Qu’est-ce qui a permis ce miracle ? Nous avons plusieurs indices : D’abord « il cherchait à voir qui était Jésus ». Il était donc en quête de quelque chose, que les biens de ce monde ne lui procuraient pas. L’importance du désir. Tant que la nourriture terrestre nous rassasie on n’éprouve pas le besoin d’autre chose. C’est souvent l’épreuve qui crée le désir de Dieu. Un 2ème indice, c’est son attitude touchante de simplicité car tout personnage important qu’il puisse être, il ne s’encombre pas du ridicule qu’il peut y avoir à monter sur un arbre, parce qu’il est petit de taille. Son humilité lui permet d’accueillir la grâce. Enfin la 3ème raison vient de Jésus lui-même qui vient au devant de son désir : « Zachée, descends vite, aujourd’hui il me faut demeurer dans ta maison »…
L’amour et la tendresse du Seigneur nous précèdent toujours. Ils ne viennent pas seulement récompenser nos efforts, ils nous sont offerts alors même que nous l’offensons, et que nous nous tenons loin de lui. C’est cet amour de miséricorde qui touche le cœur de Zachée et suscite sa conversion. Notez que Jésus n’exige pas qu’il fasse don aux pauvres de tous ses biens, ni même qu’il le suive partout comme il le demande à ses apôtres. Il sait ce qu’il peut demander à chacun.
Souvent la conversion fait peur. On pense qu’elle va nous amputer de notre bonheur, de notre goût des bonnes choses, de notre joie de vivre. On voit bien ici que c’est l’inverse : la joie déborde du cœur de Zachée, parce qu’il a rencontré le regard aimant de Jésus, et qu’il expérimente qu’il est aimé tel qu’il est et non à cause de ses performances spirituelles. Qu’est-ce qu’il est ? Avant tout un pauvre pécheur mais qui a une bonne volonté. C’est cela que regarde Jésus. Malgré ses défaillances, personne ne doit se sentir rejetté de l’amour du Seigneur ni perdu pour le Royaume. De là, naît la joie : « Je fais don aux pauvres de la moitié de mes biens, et si j’ai fait du tort à quelqu’un, je vais lui rendre quatre fois plus »  Quand on se sait aimé de Dieu, on veut l’aimer en retour, on veut lui plaire, on veut travailler pour lui, on veut lui offrir notre bonne volonté et nos renoncements par rapport à ce qui n’édifie pas.
Mais tant que je n’ai pas rencontré Jésus, comme le Dieu vivant, comme une personne vivante, qui me fait expérimenter son amour, sa bonté, sa miséricorde, il me sera difficile de me convertir ; si c’est seulement à une culture chrétienne que j’adhère, ma conversion n’ira pas loin, ma foi sera superficielle, et elle ne résistera pas aux épreuves de la vie. Ce n’est que si je nourris une relation de tendre amitié avec le Christ vivant, qu’il me rend libre face aux êtres, aux choses et aux événements.
A chacun de nous, Jésus dit : « Descends vite, car il me faut habiter chez toi », c’est à dire « ne cherche pas à paraître grand aux yeux des autres ; cela, c’est la mentalité du monde qu’il te faut quitter ; mais cherche à redevenir simple comme un enfant. Donne-moi la 1ère place ; ne permets pas que les créatures me fassent de l’ombre dans ton cœur, et je te donnerai la paix que le monde ne peut te donner, car je triompherai de tous tes ennemis, qui sont en toi avant d’être autour de toi, et ainsi quand je viendrai, je te trouverai « digne de l’appel que je t’ai adressé, et ta joie, nul ne te l’enlèvera ».