3ème dimanche C

Jésus proclame la Parole dans la synagogue de son enfance, et la commente. Il ne dit pas grand chose, mais ce qu’il dit a l’effet d’une bombe. Il lit un passage du prophète Isaïe où le prophète annonce la nature de sa mission qui lui vient directement de Dieu par une onction de l’Esprit Saint: « L’Esprit du Seigneur est sur moi parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction. Il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer aux prisonniers qu’ils sont libres, aux aveugles qu’ils verront la lumière(…) annoncer une année de bienfaits accordée par le Seigneur. » Et voilà que pour seul commentaire, il s’approprie ces paroles, laissant supposer qu’Isaïe n’était qu’une préfiguration de ce qu’il est lui-même : le Messie annoncé, c’est à dire celui qui est directement oint de Dieu, sans médiation humaine. Celui qu’ils connaissent comme le fils du charpentier, ose dire : « cette parole, c’est aujourd’hui qu’elle s’accomplit. » Autrement dit: Je suis le Messie attendu, Celui qui vient apporter le Salut au monde et la Paix sur toute la terre. Il annonce cela à un public qui l’a vu grandir… C’est le commencement d’une terrible méprise dont le démon va se délecter pour susciter la haine contre Jésus et finalement provoquer sa condamnation et sa mort sur la croix.

Mais c’est justement là, dans le don total de lui-même jusqu’à donner sa vie, que s’accomplit, avec sa résurrection, et l’envoi du Saint-Esprit, le commencement du monde nouveau délivré de Satan et de ses oeuvres. « Aujourd’hui s’accomplit » ce que préfigurait la mission d’Isaïe 700 ans plus tôt, de même que la fête du nouvel an organisée par Esdras et Néhémie au retour d’exil, quand Israël était sous domination perse ; un moment difficile de l’histoire d’Israël, où il a fallu lutter contre le risque de perdre son identité et sa vocation dans un contexte de paganisme et d’idolâtrie omniprésent. Que font-ils pour stimuler leur espérance: ils se retrouvent autour de la Parole de Dieu qu’ils vénèrent comme une Personne vivante 450 ans avant l’incarnation du Christ. Jésus, la Parole de Dieu faite chair dit : C’est « aujourd’hui » que « s’accomplit » la plus grande révolution universelle, dont rien ni personne, pas même les démons ne pourront empêcher le déploiement, jusqu’à l’avènement du Royaume.

De fait, depuis le jour de cette annonce solennelle, la Bonne Nouvelle a été annoncée jusqu’aux extrémités de la terre. L’Eglise est présente quasiment partout, la plus vieille institution existante, alors que depuis sa fondation, on n’a pas arrêté de s’en prendre à elle pour la faire disparaître. Ce n’est pas un miracle qu’elle soit toujours là, c’est sa constitution même qui le permet : l’Eglise est d’institution divine. Son principe, son âme est divine, même si ses membres sont des pécheurs, c’est pourquoi elle a reçu promesse d’éternité. Jésus est vivant, sa Parole est vivante, sa chair qu’il nous a donné en nourriture est vivante, et quand nous ressentons notre faiblesse – et l’une de nos principales faiblesses est de ne pas accepter l’autre dans sa différence – Lui est notre force ; quand nous sommes accablés, Lui est notre soutien, quand nous sommes tristes, parce que l’espérance nous manque, Lui est notre Consolation et notre joie. Acceptons d’être faible, et misons sur ce qui fait notre force: en Jésus, nous rappelle st Paul aux Corinthiens, nous sommes un dans la diversité de nos vocations et de nos charismes. Laissons-le nous rejoindre dans notre « aujourd’hui ». Ne le quittons, ni des yeux ni du coeur. Tout ce qu’il a fait pour nous, tout ce qu’il fait pour nous, repassons-le dans notre cœur à la manière de la Vierge Marie, et avec elle, car avec elle tout est plus facile. Repassons les choses qui nous font plaisir, mais aussi les choses qui nous dépassent ou nous affligent ; elles nous font aussi du bien car elles nous obligent à nous jeter comme des petits enfants dans les bras de Dieu.

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