3ème dimanche Carême

Jésus monte à Jérusalem et se rend au temple qui est le lieu privilégié de la prière, c’est à dire de la rencontre et du dialogue avec Dieu. Or les marchands d’animaux et les changeurs occupaient le parvis du temple, un lieu normalement réservé aux païens en recherche, désireux de s’associer à la prière des juifs qui adoraient le Dieu unique, et qui, eux, avaient accès au vestibule, à condition de s’être purifiés.
Ce bétail en vente était destiné à être immolé pour les sacrifices dans le temple ; et puisque dans le temple on ne pouvait pas utiliser des pièces de monnaie sur lesquelles étaient représentés l’empereur romain, idole de l’empire, pour ne pas blasphémer, il fallait les échanger contre des pièces où ne figuraient aucune idole.
Jésus pose alors un acte prophétique. Il agit en Roi, qui rend la justice en dénonçant ce qui n’est pas juste, et en Prophète, qui annonce un règne nouveau. Ce qu’il dénonce c’est une forme de corruption où les intérêts temporels ont fini par l’emporter sur les intérêts spirituels. Les autorités religieuses ont autorisé progressivement cette intrusion du bétail et des changeurs en raison des gains que représentaient pour eux ces ventes, mais c’était au détriment des païens en recherche, qui étaient dans l’impossibilité de pouvoir prier. Jésus dénonce cette dérive. La prière avant tout.
A la lumière de cet évangile, nous pouvons nous poser la question : Y a -t-il des compromissions dans notre manière de vivre notre foi ? De sorte que ceux qui sont en recherche ne voient pas suffisamment en nous le Christ ? Nos lieux de culte sont-ils suffisamment priants, suffisamment fervents, suffisamment accueillants, pour que le Saint-Esprit touche ceux qui cherchent Dieu? Et le prêtre est le premier à devoir se poser la question. Permettons-nous suffisamment au Seigneur de chasser les marchands qui veulent s’installer en nous pour nous détourner de l’essentiel qui est la prière?
En même temps que Jésus dénonce, il annonce une nouvelle ère de l’histoire, celle où l’on adore en esprit et en vérité, parce que la Présence de Dieu n’est plus signifié par un Temple fait de main d’homme mais par son propre Corps offert en sacrifice pour le salut du monde : « Détruisez ce temple, en trois jours je le relèverai ». Par le baptême, nous faisons partis de ce Corps et par notre communion eucharistique, nous consolidons notre communion avec Lui. Dès lors, plus besoin de sacrifices d’animaux ni de monnaie de changeurs, ce temps est révolu, car en nous unissant à sa mort et à sa Résurrection, nous sommes pardonnés et rachetés. Nous devenons nous-mêmes le temple de Dieu et nous le glorifions par notre foi humble, sincère, confiante et féconde en actes d’amour.

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