3ème dimanche Pâques C

St Jean nous relate la troisième apparition du Seigneur aux apôtres. Une apparition riche en symboles, que l’on pourrait représenter en 3 tableaux. D’abord une pêche miraculeuse en présence du Seigneur, après une pêche infructueuse en son absence ; puis un petit déjeuner convivial don gratuit du Seigneur, où les apôtres ont toutefois leur part d’effort à fournir en tirant le filet de poisson jusqu’au rivage. Enfin troisième tableau : un dialogue intime entre Jésus et Pierre.

D’abord, la pêche. Ils pêchent de nuit. C’est le bon sens qui le veut, mais cette pêche nocturne infructueuse a valeur de signe. C’est la figure de notre Eglise quand elle s’appuie exclusivement sur ses forces et ses capacités humaines, sur ses sécurités qui lui viennent du monde. L’Eglise qui est dans le faire, dans un activisme déconnecté de la prière et quand je dis l’Eglise, c’est nous. Le Seigneur nous a fait la promesse d’être toujours avec nous jusqu’à la fin du monde. Quand? Dans l’aujourd’hui de nos vies. Ni dans le passé, ni dans l’avenir, dans l’aujourd’hui. Cela veut dire que je dois cesser d’être dans la nostalgie du passé ou dans le regret ou dans la rancune, puisque Jésus n’y est pas. De même que je dois laisser mes peurs quant à l’avenir. Jésus n’y est pas. « Donne-moi ta grâce rien que pour aujourd’hui » disait Ste Thérèse de l’Enfant Jésus. Il nous faut demander la grâce de vivre l’instant présent. Car c’est là qu’est le Seigneur et nulle part ailleurs.

« Eh, les enfants, auriez-vous quelque chose à manger? – Non! – Jetez le filet à droite de la barque et vous trouverez. Ils s’exécutent et le miracle s’accomplit. Quand on obéit à la Parole du Seigneur, des miracles s’accomplissent. « c’est le Seigneur ! » dit Jean. Aussitôt, Pierre qui a renié 3 fois le Seigneur, dans la nuit du jeudi au vendredi saint, met un vêtement comme Adam après son péché, car il se voit nu… En présence de Celui qui est la lumière du monde, se révèle la misère de notre nudité, et en même temps celui qui entend sa voix et qui croise son regard, renaît à l’amour et au désir de vivre en sa présence. Pierre, le pécheur pardonné, se jette à l’eau pour rejoindre son Seigneur qu’il aime malgré son péché, malgré ses défaillances. Jean au cœur pur, le premier reconnaît Jésus, et Pierre le premier, se jette à l’eau pour le rejoindre. Jésus lui a donné cette mission d’être le premier de cordé, un entraîneur pour les fils et les filles de Dieu à la suite du Christ. La pêche miraculeuse symbolise toutes les âmes gagnées à Dieu par l’apostolat de la miséricorde qui se nourrit à la fois du coeur à coeur de la prière figurée par Jean et de l’action , du sacrifice figurées par Pierre. 153 poissons, on pense que c’était le nombre des nations connues au temps du Christ. Ce nombre peut désigner aussi les âmes gagnées par la prière car il rappelle les 153 Ave du Rosaire : « Pour gagner beaucoup d’âmes à Dieu, voici mon arme ! » disait Padre Pio et il brandissait son Rosaire ! La pape François à l’école de saint Jean-Paul II dit son rosaire tous les jours…

Et ce petit déjeuner sur le rivage où sur la braise il y a du pain et du poisson préparé par Jésus, « pain » et « poisson » les deux symboles du Christ dans l’Eglise primitive : comment ne pas y voir l’annonce de l’eucharistie qui unit sur l’autel le don de Dieu et le fruit du travail de l’homme, car ils apporteront à ce petit déjeuner des poissons qu’ils auront eux-mêmes péché. Allusion à l’Eucharistie qui fait vivre l’Eglise, et qui est le sommet de la vie chrétienne. Une vie chrétienne sans Eucharistie est comme une journée sans soleil, comme une fontaine sans eau, comme un coeur sans amour.

A la fin du repas, Jésus demande à Pierre par trois fois s’il l’aime, comme pour effacer le triple reniement de la nuit du jeudi saint. Et parce qu’il a professé son amour pour lui, Jésus lui confie solennellement la charge de son troupeau ; la charge de pasteur universel. Jésus est l’Unique « Bon Pasteur », mais il donne à Pierre et à ses successeurs le charisme de paître ses brebis,  c’est à dire de donner leur vie pour elles, comme Il l’a fait Lui-même. Il en fut bien ainsi de tous les papes, en tout cas de ceux que j’ai connu, jusqu’aujourd’hui. Paul VI, Jean-Paul 1er, Jean-Paul II, Benoît XVI, François. Ils ont donné leur vie. Ils continuent de la donner. Prions pour que le pape François tienne bon en ces temps de grandes tribulations, il a besoin de notre soutien, spirituel, fraternel, filial. Prions pour que l’Eglise connaisse une nouvelle pêche miraculeuse quand la miséricorde de Dieu la rassemblera dans l’unité. Nous pouvons hâter cette heure par notre amour de la Sainte Eucharistie, une vraie dévotion à la Vierge Marie et un attachement inconditionnel à Pierre. Le Saint-Esprit fera le reste.

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