4ème dimanche Ord A

Dans cet enseignement bien connu des béatitudes, le Seigneur répète huit fois le mot « heureux » ; il nous décline le secret du bonheur. Qui ne connaît pas par cœur ces huit béatitudes… au moins dans le désordre ! Mais vous savez, si vous ne les connaissez pas par coeur, ce n’est pas bien grave. Il suffit de connaître la première. La plus importante. C’est la racine, le fondement d’où se déploie de manière logique toutes les autres. « Heureux les pauvres de coeur, le Royaume des cieux est à eux ». C’est la perle précieuse, le trésor qu’il faut chercher absolument ! Cherchez d’abord le Royaume dit Jésus, et tout le reste vous sera donné par surcroît » La pauvreté de cœur, nous offre assurément le Royaume! Et la pauvreté du cœur, c’est l’humilité, nous disent les pères de l’Eglise. On demande à st Augustin « quelle est la 1ère vertu chrétienne ? – l’humilté…  Et la deuxième ? – l’humilité… et la troisième? encore l’humilité…

Cependant il ne faudrait pas confondre l’humilité avec un sentiment d’infériorité ou de dépréciation de soi qui nous ferait rester dans l’ombre, avec la peur de se confronter aux autres, de s’impliquer. L’humilité c’est tout autre chose. Son étymologie nous renvoie au mot « humus », qui nous rappelle le récit de la création dans la Genèse. C’est à partir de l’humus du sol que Dieu nous a fait homme. L’humilité n’est-ce pas d’abord de reconnaître que nous recevons de Dieu notre existence et notre consistance ? Etre humble, c’est reconnaître sa condition de créature et donc sa dépendance à Dieu. C’est avoir une juste relation à Dieu. La personne humble loue Dieu dès le matin, parce qu’Il lui donne la vie, la croissance et l’être, sans mérite de sa part, et elle s’en remet à Lui pour la journée. Ste Bernadette qui a vu la Sainte Vierge, se défendra d’avoir mérité cette grâce. Elle dira : « la Ste Vierge m’a ramassée comme un caillou » et quand elle apprend qu’on vent son effigie, à Lourdes, elle dit avec humour : « Dix centimes, c’est ce que je vaux. » Elle ne se dépréciait pas, mais elle avait la conscience aigüe d’avoir tout reçu, sans aucun mérite de sa part. C’est cela l’humilité!

Quand on a cette conscience d’être aimé de Dieu, inconditionnellement, et d’être héritier de sa gloire éternelle, on relativise beaucoup de choses qui nous arrivent, car on se sait dans la Main de Dieu ! On se supporte soi-même bien davantage, parce qu’on sait que les humiliations de nos péchés, ne sont qu’une goutte d’eau dans le brasier ardent de la miséricorde divine, et que si nous nous approchons de Lui avec repentir, le miracle de notre guérison s’accomplit. En même temps qu’Il nous guérit, il nous purifie, rendant notre cœur toujours plus pur. Devant la patience de Dieu à notre égard, on ne peut que grandir en patience à l’égard de nos frères. C’est ainsi que l’humble apprend à être doux, pacifique, miséricordieux. Sa juste relation à Dieu, fait qu’il se soumet à Lui, qu’il s’efforce de lui plaire en pratiquant son commandement d’amour, il ne peut qu’être désireux de pratiquer la justice et d’éviter toute forme d’oppression et d’injustice à l’égard du prochain. Et finalement l’humble est heureux même dans les larmes et dans les persécutions parce qu’il se voit configuré au Christ crucifié, parce qu’il se voit faible, pauvre et sans force et qu’il sait que sa déréliction contraint Dieu à agir en sa faveur car comme le chante le psalmiste (Ps 145) : « le Seigneur fait justice aux opprimés, aux affamés il donne le pain, Il délie les enchaînés, il redresse les accablés, Il protège l’étranger, il soutient la veuve et l’orphelin. Le Seigneur est ton Dieu pour toujours. » « Cherchons l’humilité » fondement de la sainteté, et nous serons à l’abri de tous les dangers. Oui, « Heureux les pauvres de cœur, le royaume des cieux est à eux » ou comme le dit Sophonie, « ils pourront paître et se reposer, nul ne viendra les effrayer ».

 

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