Ben Sira le Sage nous parle dans la 1ère lecture du libre arbitre que possède tout homme créé à l’image de Dieu, et qui fait qu’il dépend de lui de rester fidèle à ses commandements. Grâce à la loi naturelle inscrite dans son cœur, il sait au fond de lui que « tuer » est un crime, que tromper sa femme en commettant l’adultère est un péché grave, que de donner un faux témoignage pour nuire à une personne est un grave mensonge qui nous fait tomber sous le coup du jugement divin. Mais ce que nous apprend Jésus dans l’Evangile, c’est que le jugement divin tombera aussi pour les péchés qui nous semblent naturels comme de nous mettre en colère contre notre frère, ou d’avoir de mauvais désirs dans le cœur, des pensées impures ou des regards impurs, même les petits péchés, même les iotas de sa loi d’amour, ont de l’importance pour lui, car cela le blesse. La moindre entorse à l’amour le blesse. Cette exigence aurait de quoi nous décourager si notre sagesse n’était qu’humaine, et notre justice, celle des scribes et des pharisiens qui s’attachent à la lettre de la loi.
Mais la sagesse divine est tout autre. Elle nous dit que seul Jésus est capable d’accomplir la loi dans sa plénitude. Il est lui-même, en sa personne, la loi pleinement accomplie, et la voilà la Bonne nouvelle : celui qui vit avec le Christ, qui s’unit à sa volonté divine, dans tous les instants de sa journée, et pas seulement quand il va à l’Église, permet à Jésus d’accomplir la loi en lui. Jésus emploie dans l’Evangile des images volontairement choquantes, comme le fait de s’arracher l’œil, ou de se couper la main, pour que nous comprenions que l’accomplissement de la loi d’amour se conquiert par la lutte, non pas la lutte acharnée contre nos défauts à la force du poignet qui ne peut que nous conduire au découragement, mais la recherche effrénée du Seigneur, de sa face et de sa grâce, pour lui plaire en toute chose. Le véritable enjeu de notre sainteté passe par une quête amoureuse du Seigneur. C’est la recherche de l’amour jusque dans ses moindres détails qui nous conduira au royaume, et rien d’autre. « Avant que le ciel et la terre disparaisse, pas un seul iota de la loi ne disparaîtra.».
La chose la plus importante que nous ayons à faire ici-bas, est de choisir le Christ et de s’appuyer sur sa grâce qui nous transforme, et ne jamais considérer le péché comme une fatalité. Aussi petit soit-il, il a besoin d’être purifié en étant exposé à la lumière de Dieu. Nous devons travailler notre cœur, pour rechercher non pas un perfectionnisme extérieur, mais une relation d’intimité avec Jésus-Christ, avec le désir de l’aimer et de lui ressembler toujours davantage. Si nous demandons à Jésus de nous montrer ce qui doit changer en nous, ce qui le blesse ; il le fera et il nous donnera la grâce de rompre avec nos mauvais penchants ; en même temps il fortifiera en nous, tout ce qu’il y a mis de bon : tout ce qui sert la foi, l’espérance, et l’amour qui nous mènent au Royaume.