7ème dimanche T Ord

« Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent » : Voilà un commandement qui fait de la religion chrétienne, la religion la plus exigeante au monde ; la plus exigeante en amour. Aucune autre religion à ma connaissance n’a cette exigence. Et ce n’est pas un commandement de l’Eglise qui pourrait varier au fil du temps, c’est le commandement du Seigneur, clamé avec autorité : « à vous qui m’écoutez, je vous le dis… » Il ne s’agit pas de le prendre à la légère.
Qui est mon ennemi ? Au sens strict : celui qui s’en prend à ma vie. Celui qui me fait du tort. En ces temps de crise sociétale, ce commandement revêt toute son importance : « Aimez vos ennemis »… Disons-le tout de suite : le Seigneur ne nous demande pas d’aller au-devant du martyr car nous avons une charité à avoir aussi envers nous-mêmes et envers nos proches. Ce que demande le Seigneur, c’est de ne pas rendre le mal pour le mal et de prier pour ceux qui nous persécutent. Prier pour quelqu’un, c’est déjà l’aimer.
Au sens plus large, l’ennemi, c’est aussi celui qui m’enlève ma paix intérieure ; l’ennemi d’un moment, mais qui peut aussi devenir l’ennemi irréductible qui empoisonne mon existence de chaque jour, à la maison ou au travail – pas besoin de le chercher bien loin… Jésus qui était sans péché n’a jamais perdu la paix devant ses ennemis, même quand il a chassé les marchands du temple, il l’a fait d’une manière contrôlée ; mais pour nous qui sommes pécheurs, comme il nous est facile de rendre le mal pour le mal, et de maltraiter notre ennemi en lui faisant sentir notre hostilité.
« Aimez vos ennemis… » cela veut dire « aimez ceux qui vous agressent », souvent involontairement, par leur mauvais caractère, leurs péchés, leurs mauvaises habitudes, leurs opinions trop souvent exprimées, leurs manies, leur culture trop différente de la nôtre… nous avons du mal à aimer les gens qui ne nous ressemblent pas, que dire alors de ceux qui nous sont franchement hostiles et qui nous le font sentir, en nous persécutant… « faites du bien à ceux qui vous haïssent. Souhaitez du bien à ceux qui vous maudissent » dit Jésus.
L’exigence de ce commandement se comprend à la lumière de notre configuration au Christ dans le Saint-Esprit. Comme on l’a entendu dans l’épître de st Paul aux Corinthiens, le Christ est venu opérer en l’homme une transformation, pour qu’il passe de l’homme terrestre, charnel, pétri d’argile, à l’homme spirituel, qui est à l’image du Christ, qui vient du ciel. En fait, l’amour dont il est question dans ce commandement, est un amour proprement divin, c’est l’œuvre du Saint-Esprit en nous. Cela veut dire que cet amour n’est à notre portée, que si nous sommes remplis de Dieu, et de son Amour, par la foi, par l’espérance en ses promesses de gloire éternelle qui nous font relativiser ici-bas toutes les pierres du chemin. David a souffert de Saül, mais grâce à sa foi, il renonce à se venger et à porter la main sur lui. Il préfère mettre sa confiance en Dieu qui a fait de Saül l’oint du Seigneur. Et puis il y a cette réalité de foi, que Dieu se sert des maux qui nous atteignent pour nous purifier et nous rendre plus humbles. Alors, faisons confiance au Saint-Esprit qui est notre meilleur Avocat, et qui même du mal, sait tirer un bien. Sans jamais nous résigner au mal, n’accablons personne de nos jugements, ne rendons pas le mal pour le mal, mais pardonnons comme Dieu nous a pardonné, et répondons au mal par le bien pour en briser la spirale d’injustice. C’est ainsi que nous apportons notre pierre à l’édifice de la civilisation de l’amour qui doit advenir, avec notre concours, pour la plus grande gloire de Dieu.

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