7ème dimanche TOrd A

Ne riposte pas au méchant ; mais si l’on te frappe sur la joue droite, présente aussi l’autre ; à celui qui veut prendre ta tunique, laisse-lui aussi ton manteau… Des sentences de Jésus que l’on connait bien et que l’on cite souvent par ironie, tant elles contrarient notre nature… Pourtant, le Seigneur insiste pour que nous aimions nos ennemis, que nous prions pour ceux qui nous persécutent, afin d’être vraiment les fils de notre Père qui est aux cieux.
L’homme par lui-même, est capable d’aimer, de faire du bien autour de lui ; il est capable de grandes et belles belles choses. Il n’y a pas besoin d’être chrétien pour cela. Personne ne met en doute qu’il y a des gens de toute religion et même des incroyants, à la vie exemplaire, remplis de bonté. Mais Jésus, Dieu fait chair, n’est pas venu sur la terre simplement pour être un modèle de bonté ; Jésus est venu sur la terre pour guérir le cœur de l’homme, car il est blessé, égocentré, de sorte qu’il ne peut aimer que ceux qui l’aiment. Telle est notre nature humaine, blessée, depuis le péché de nos premiers parents.
Jésus est venu le guérir en le divinisant. Un Père de l’Eglise du 4ème siècle dit : « Dieu s’est fait homme pour que l’homme devienne Dieu ». Non pas qu’il devienne l’égal de Dieu, mais qu’il partage ses attributs divins ; et le plus grand attribut de Dieu, c’est sa miséricorde, c’est à dire sa capacité à aimer ceux qui ne l’aiment pas, à pardonner ceux qui le persécutent, et à prier pour eux. Voilà où Jésus veut nous conduire : à aimer comme Dieu aime, jusqu’à l’amour des ennemis. Comment s’y est-il pris pour cela ? Il a pris notre humanité en tout excepté le péché, et notre péché, il l’a pris sur lui, pour l’anéantir dans sa mort, et, dans sa résurrection nous partager sa vie éternelle.
Mais cette vie éternelle, il ne nous l’impose pas, il nous la propose ; et nous l’acceptons en recevant son Esprit qui est l’Esprit du Père, qui nous fait devenir « vraiment les fils de son Père qui est dans les cieux ». Cela ne se fait pas du jour au lendemain, et c’est pourquoi l’Esprit ne vient pas seulement une fois dans notre vie, au baptême, (le baptême c’est la porte d’entrée) il ne cesse de venir… Il vient par l’imposition des mains du prêtre, à chaque messe, à chaque sacrement que nous recevons, il vient quand sa Parole vivante est prononcée et écoutée, il vient quand nous prions avec le cœur, personnellement ou communautairement ; et Jésus nous dira même qu’Il souffle où il veut, même en dehors de l’Eglise…
Et que fait l’Esprit Saint en nous ? Il change notre cœur, il le transforme pour que nous aimions comme Dieu, en pardonnant à nos persécuteurs, en ne laissant pas la haine nous contaminer. C’est le sens véritable de ces paroles de Jésus que nous ne devons pas recevoir de manière littérale ; d’ailleurs, Jésus qui a été giflé, n’a pas tendu l’autre joue, il a dit : « Si j’ai mal parlé, dis-moi ce que j’ai dit de mal, mais si j’ai bien parlé, pourquoi me frappes-tu ? » Autrement dit, Il répond sans haine, en interpellant la conscience de celui qui le persécute.
Nous sommes faibles et blessés, c’est un fait, mais notre humanité a été assumée par le Christ, et le chrétien devient le sanctuaire de Dieu, par l’Esprit qui habite en lui. En étant habité par Dieu, on peut dire que « tout est à nous, oui, mais nous sommes au Christ et le Christ est à Dieu ». Parce que Dieu est saint, nous serons saints, mais au prix d’un combat de tous les jours et de toute une vie, où nous expérimentons notre pauvreté, notre péché, mais aussi la fidélité de Dieu qui nous donne inlassablement son amour, sa douceur, sa miséricorde quand nous la lui demandons avec persévérance. Le combat ne prendra fin qu’en entrant dans le Royaume. Alors, comptons sur la fidélité du Seigneur, ne nous résignons jamais au mal, et laissons-nous transformer jusqu’à pouvoir aimer ceux qui ne nous aiment pas, en priant pour eux.

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