Jésus fait un miracle qui a de quoi impressionner : Cinq pains et deux poissons se multiplient à volonté dans ses mains, jusqu’à nourrir une foule de 5000 personnes. Pour nous qui savons que Jésus est Dieu, cela ne doit pas nous étonner, Il est le Créateur de la matière, il est donc capable de la multiplier. Et à y réfléchir, ce miracle est en quelque sorte un accéléré du miracle de la nature. Comment une créature devient ce qu’elle, sinon par une multiplication de cellules, donc de matière ? Et cela se fait bien par la Main invisible de Dieu, qui est le programmateur du fonctionnement de ces cellules.

Ce miracle est aussi l’annonce d’un miracle infiniment plus grand, celui de la Sainte Eucharistie qu’il institue le soir du Jeudi Saint. C’est infiniment plus grand, car il s’agit non plus de la multiplication de la matière, mais de la « multiplication » dans le temps et dans l’espace, de sa Présence vivante de Ressuscité qui offre sa vie en sacrifice à chacun personnellement. De sorte que nous n’ayions rien à envier aux disciples témoins de la mort et de la résurrection de Jésus.

Les allusions au mystère de l’Eucharistie sont nombreuses : Nous sommes, comme au jeudi saint, le soir, et Jésus est entouré des douze apôtres. Les paroles qu’il prononce sont identiques : « Jésus prit les pains, et les yeux levés au ciel, il les bénit, les rompit, et les leur donna… » Jésus donne les pains aux apôtres pour qu’ils les distribuent à la foule : Allusion au rôle médiateur de l’Eglise, et des prêtres en particulier, pour que le Pain de vie, sa Sainte Présence vivante, soit donné aux hommes comme nourriture céleste pour leur âme. Celui qui pense pouvoir se passer du prêtre et de l’Eglise se trompe : « donnez-leur vous-même à manger » dit Jésus.

Le prêtre qui célèbre l’Eucharistie, c’est Jésus qui prie le Père, qui rompt le pain pour nourrir son peuple, et l’unir à lui, afin qu’il soit un seul Corps avec Lui dans le Saint-Esprit. Je vais à la Messe pour m’unir à Jésus et à son Saint Sacrifice. Pourquoi est-ce si important ? Parce que les mérites du Christ sont infinis, puisqu’il est Dieu ! Unis à son Saint Sacrifice, tous mes actes d’amour les plus petits, ont une portée infinie, pouvant servir le dessein de salut du monde. Coupé de son saint Sacrifice, j’aime humainement, non divinement. C’est l’amour divin qui sauve, et non l’amour humain. Comment se caractérise l’amour divin ? – il est universel, sans distinction de peuple et de culture – il est gratuit, sans attente de reconnaissance – il consent à la douleur parce qu’elle devient offrande avec le Christ pour le rachat de la multitude. Les paroles que prononcent le Christ à la messe, par le prêtre qui le représente, s’accomplissent immanquablement. Quand Jésus dit : Ceci est mon Corps, ceci est mon Sang, ce qu’il tient dans les mains devient ce qu’Il dit ; et quand il dit aux apôtres « Faites cela en mémoire de moi » il donne aux prêtres le pouvoir de sa prière et de ses paroles, pour faire venir le Christ en personne sur l’Autel, afin de nous appliquer ses mérites à Lui.

Qu’il est grand le mystère de la foi ! Celui qui vit la messe avec un cœur ouvert, c’est à dire un cœur bien présent, à l’écoute, un cœur bien disposé, reçoit la paix de Jésus, pour la rayonner tout autour de lui. « Celui qui communie, dit st Augustin, qu’il adore vraiment Jésus dans l’hostie ». Demandons à Marie de nous donner un amour ardent de l’Eucharistie, un amour qui soit contagieux, rempli de foi et d’espérance, et ne perdons pas le temps précieux qui nous est donné pour sauver le monde avec le Christ.