Dans ce court évangile, peu de choses nous sont dites, mais ce qui est dit est capital: Jésus nous parle de ses brebis, et il leur fait une promesse extraordinaire : « Jamais elles ne périront… personne ne les arrachera de la main du Père ». « Je leur donne la vie éternelle » parce que je suis Dieu ; « le Père et Moi, nous sommes Un ». Quelle merveilleuse promesse !… sachant que le vie éternelle n’est pas cette vie que nous connaissons qui se prolonge indéfiniment, ce serait une très mauvaise nouvelle, c’est une autre condition de vie, de qualité supérieure, affranchie du péché, de la souffrance et de la mort, une vie baignée d’Amour ; cette vie doit commencer sur la terre par la civilisation de l’amour, de la justice et de la paix.
Qui sont les brebis du Seigneur à qui sont offerts les verts pâturages de la vie éternelle ? Le psaume 99 de ce jour nous répond : « Il nous a faits, et nous sommes à Lui, nous, son peuple son troupeau. Oui, le Seigneur est bon, éternel est son amour » L’Amour du Seigneur est pour toutes ses créatures. Dieu ne fait pas de différence entre les hommes créés à son image. Il fait lever son soleil sur tous, tomber la pluie sur tous, toute langue, race, et confession religieuse confondue. Quelle belle leçon nous donne le pape François qui incarne l’amour du Christ en accueillant au Vatican trois familles de réfugiés, choisis non sur des critères religieux, mais uniquement sur le fait qu’ils ont leurs papiers en ordre. Le sort est tombé sur trois familles musulmanes, parce que Dieu ne fait pas de différence entre un chrétien et un musulman. Un geste hautement symbolique qui ne sera pas apprécié par tous les chrétiens malheureusement. Ce n’est pourtant ni de la démagogie, ni du relativisme ; le pape prêche l’amour du Christ « qui ne fait pas acception de personnes » comme le dit Pierre dans les Actes des Apôtres (Ac 10, 34) Les brebis aimées du Seigneur sont les hommes que Dieu a fait à son image, point.
Mais il nous faut comprendre, qu’en nous créant à son image, et plus encore, en se faisant homme, en la personne du Christ, et en donnant sa vie pour nous, Dieu attend une réponse de ses brebis. Une réponse d’amour à son Amour. Il a donné à chacun un libre arbitre, c’est à dire le pouvoir de l’aimer et de le suivre, ou de faire comme la chèvre de Monsieur Seguin d’Alphonse Daudet: s’affranchir du Maître, le quitter, rester sourd à ses appels, pensant gagner en liberté, alors que c’est le contraire qui se passe. Quand je ferme mon cœur à la lumière du Christ, la convoitise de ce monde assujetti au pouvoir de Satan, me fait vivre en esclave, esclave de mes passions égoïstes, et je finis par tomber dans l’apostasie de nos sociétés matérialistes et athées. Mais celles-ci seront vaincues. Par qui ? par le Bon Berger, par la Bergère toute pure Marie et par ses petites brebis fidèles.
« Mes brebis, dit le Seigneur, écoutent ma voix ; moi je les connais, et elles me suivent ». Les brebis qu’il appelle « mes brebis » avec tendre affection sont celles qui écoutent sa voix et qui le suivent, parce qu’une relation de confiance s’est établie, une relation d’intimité, tellement forte, qu’elles se sentent partout en sécurité, dans la Main de Dieu. Elles sont marquées du signe de la croix, revêtues du Sang de l’Agneau, comme les hébreux sur le linteau de leurs portes . Quelle sécurité ! Voulons-nous être de ces brebis qui écoutent sa voix et qui le suivent ? Comment les reconnaissons-nous ? Ce sont celles qui gardent confiance malgré tout… malgré les événements, malgré les dangers, malgré les statistiques, malgré l’avenir qui s’assombrit, malgré les méchants, malgré les démons, car le Christ vit en elles (comme l’épouse chrétienne de ce musulman de 40 ans qui pleurait abondamment en rencontrant le pape à Lesbos, lui disant que sa femme avec qui il vivait en parfaite entente a préféré être égorgée par les terroristes plutôt que de renier sa foi). Le martyre atteint les chrétiens plus que les autres, les Actes des Apôtres en témoignent, et l’Apocalypse décrit les élus comme ceux qui viennent de la grande épreuve. Mais ils la traversent en vainqueurs, car le Seigneur est là, il a soin de ses brebis qui l’appellent chaque jour, qui le prient et se nourrissent de Lui. Nous sommes blessés par le péché, le mal et la mort. Ils ne sont pas seulement chez les autres, mais aussi en nous, mais nos robes sont « lavées et blanchies par le Sang de l’Agneau » grâce à la prière et aux sacrements de l’Eglise. Et un autre point qu’il faut souligner : les brebis fidèles, cad les chrétiens qui suivent le Christ, coopèrent à l’œuvre de la Rédemption. C’est quelque chose de grand de permettre au Seigneur, à travers nous, par son Esprit de toucher les cœurs, de les ouvrir à son Amour, qui agit, qui convertit et qui étend son Règne pour que la paix s’établisse un jour sur la terre. Quel bonheur de travailler au salut du monde ! C’est un bonheur d’être chrétien ! Un Jour viendra, où nous expérimenterons que le péché n’est plus possible, tant notre âme sera rassasiée de l’Amour de Dieu…
En cette journée mondiale des vocations, prions pour que nous soyions tous de ces brebis chéries du Seigneur, qui le suivent vraiment, en l’aimant en actes et en vérité, en chrétiens qui ne rougissent pas de leur foi et de leur confiance, et qui ne craignent pas non plus ceux qui ne le connaissent pas encore, et même ceux qui lui sont rebelles. Que se lèvent de saints prêtres, de saintes et de saints religieux missionnaires, de saintes familles chrétiennes remplies d’amour pour tous, qui regardent les visages et voit Jésus en eux, sans s’attarder aux statistiques qui font peur. Le monde connaît des heures sombres, mais Christ est ressuscité, Il est vainqueur et il vient vaincre nos ennemis, avec celles de ses brebis qui le suivent de près. Proclamons sa victoire qui est la victoire de l’Amour qui bannit la crainte.