homélie 4ème dimanche T Ord C

« Aucun prophète n’est bien accueilli dans son pays » dit Jésus. Tous le prophètes de la Première Alliance ont souffert incompréhensions voir persécussions, depuis les patriarches jusqu’à Jean-Baptiste, en passant par Moïse et les prophètes de la Bible comme Elie, Elisée, Isaïe, Jérémie et tant d’autres. Cela ne doit pas nous surprendre puisque par définition, le prophète est un messager qui parle de la part de Dieu. Il ne s’encombre donc pas des lois humaines de la diplomatie, il ne se préoccupe pas de ce qui est politiquement correct, il ne cherche pas à plaire aux hommes mais il a comme souci principal d’obéir à Dieu en défendant la vérité, la justice et la charité qui sont des vertus nésessaires pour que les hommes vivent en paix sur la terre. Dieu demande au prophète de mettre le doigt sur ce qui n’est pas juste, ce qui n’est pas ajusté à la volonté divine, sans jamùais faire de différence entre les hommes, car devant Dieu, tous les hommes sont égaux. L’homme étant naturellement fier et orgueilleux, il n’aime pas être remis en cause, par un autre, fut-il l’humble messager de Dieu. Il faut de l’humilité pour reconnaître ses erreurs et s’en corriger. A chaque époque, à chaque situation nouvelle, Dieu suscite des prophètes, pour que sa Parole soit entendue, dans un monde en perpétuelle mutation.

Avec l’Avènement du Christ, qui est le Prophète par excellence puisqu’il est non seulement l’envoyé de Dieu, le Messie, mais Dieu fait chair. Il n’est plus seulement le témoin de la vérité, il est la Vérité ; il n’est plus seulement le témoin de la justice, il est la justice ; il n’est plus seulement le témoin de l’amour, Il est l’Amour. Aussi le Christ devient « le moule » de tous les prophètes qui viendront après lui. Ne pensons pas que la prophétie s’arrête avec le Christ. Certes la Révélation est achevée, mais elle n’est pas complètement explicitée, dit le Catéchisme, et c’est au Saint-Esprit de nous guider vers la vérité toute entière (Jn 16, 14) C’est là qu’interviennent les prophètes d’hier et d’aujourd’hui, car l’Esprit Saint passe par des hommes. Face aux prophètes d’aujourd’hui, entre la trop grande crédulité des uns, et la suspicion à priori des autres, il y a un juste milieu qui est la prudence bienveillante. Dieu continue de susciter des prophètes à toutes les époques, à toutes les générations, mais l’authenticité de leur charisme de prophète se vérifie à leur conformité au Christ, vivante image du Père. Les vrais prophètes parlent le langage du Christ, leur parole en ont la bonne odeur. Pas seulement leur parole, tout leur être doit transpirer l’humilité, la douceur mais aussi la force du Christ. Et comme les serviteurs ne sont pas au dessus du Maître, le Christ a été loué, ils le sont aussi ; le Christ a été persécuté, ils le sont aussi.

A quoi sert le prophète ? A tenir le peuple de Dieu éveillé, c’est à dire à l’écoute de la vérité, de la justice et de l’amour, vertus inscrites au fond de notre cœur mais que le péché peut obscurcir. Marie, Reine des prophètes ne cesse dans ses multiples apparitions au long de l’histoire de l’Eglise de nous tenir éveillés pour que nous ne perdions pas le goût des choses saintes, ces choses que l’Eglise nous enseigne, mais que nous sommes si prompts à relativiser, pressés que nous sommes par le moule, non pas du Christ, mais du monde, avec son matérialisme et son rationalisme. Ces choses saintes que sont la prière quotidienne, personnelle et communautaire, la lecture amoureuse de la Parole de Dieu, la fréquentation de l’Eucharistie et du sacrement de réconciliation, et plus que tout, l’attention bienveillante aux autres, et d’abord aux plus pauvres, comme l’hymne à la charité nous y presse.

Rappelons-nous que notre baptême fait de nous les prophètes d’un Dieu qui est avant tout un Père bienveillant, prêt à nous aider à chaque instant : « Avant même de te façonner dans le sein de ta mère je te connaissais, avant que tu viennes au jour, je t’ai consacré » (Jr 1, 4) Sa lumière qui est amour, justice et vérité, éclaire les consciences et révèle la bonne volonté des humbles qui ne craignent pas de se remettre en cause à sa lumière. Soyons de ceux-là, pour que le Christ nous unisse toujours plus à Lui, et nous donne la force d’aimer en vérité.

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