La liturgie de ce 5ème dimanche de Pâques nous ramène au jeudi saint pour que nous comprenions, au regard du contraste entre l’exultation de la pierre roulée et les réalités souvent cruelles de cette vie, que l’essentiel du message pascal est que Dieu nous aime à la folie – en livrant sa vie pour nous. Pâque pour les juifs (au singulier) désignait à l’origine l’agneau du sacrifice, et pour nous chrétiens, Pâques (au pluriel) c’est 3 jours : le triduum pascal. Elle commence avec son Saint Sacrifice; d’abord sacramentel, puis sanglant, et s’achève par la résurrection, mais le cœur du message, c’est l’amour de Dieu qui se donne entièrement pour la rédemption du monde, c’est à dire « les cieux nouveaux et la terre nouvelle ».
La Pâques du Christ, c’est tout cela, et nous devons en vivre… Comment Jésus donne t-il sa vie ? En commençant par accepter la trahison de l’ami choisi. En donnant la bouchée à Judas, Jésus l’autorise en tant que Dieu à le livrer : « ce que tu dois faire, fais-le vite » « ma vie nul ne la prend, c’est moi qui la donne » (Jn 10, 18). Une fois Judas sorti, Jésus dit « Maintenant le Fils de l’homme est glorifié, et Dieu est glorifié en lui ». Notre glorification, c’est maintenant, dans l’acceptation du sacrifice que représente cette vie assujettie au pouvoir des ténèbres. Tant que la permission n’était pas donnée, personne ne pouvait mettre la main sur Jésus. Rappelez-vous l’épisode où les juifs furieux de sa prédication à la synagogue, l’entraînent jusqu’à un escarpement pour le précipiter dans le vide, « mais lui, passant au milieu d’eux, allait son chemin »(Lc 4, 30). Si Dieu ne veut jamais le mal, il le permet quand c’est pour un bien supérieur qui est la rédemption du monde. Cette pensée peut nous aider à vivre le commandement d’amour qui va jusqu’à l’amour des ennemis. Nous ne pouvons pas le vivre sans le secours de la grâce, c’est bien pour cela que le mystère de Pâques commence par l’institution de l’Eucharistie où il nous fait communier à son Saint Sacrifice, en douceur, en nous donnant sa vie divine et son amour infini. Nous communions à la Sainte Eucharistie pour être transformés par Dieu en vue des cieux nouveaux et de la terre nouvelle qui sera le pendant de la résurrection du Christ, pour son corps qui est l’Eglise.
Être fidèle à ce rendez-vous, ce n’est pas seulement être présent à la messe du dimanche, c’est y assister en acteur « amoureux » et non en spectateur ; en étant désireux, comme Marie au pied de la croix, et avec elle, d’épouser totalement la volonté divine, et de l’épouser dans le quotidien de notre vie en incarnant son commandement d’amour. Si nous le vivons dans cet esprit, un pouvoir surnaturel considérable se transmet du Sacré-Cœur à nos cœurs pour hâter le Jour où le monde sera restauré dans sa splendeur première.
Mon espérance va t-elle jusque là quand je communie ? Est-ce que j’offre ma volonté à Dieu qui est mort et ressuscité pour moi ? Est-ce que je désire mourir avec Lui, mourir à mon péché, pour ressusciter avec Lui à la sainteté ? Comme je suis pécheur et plein d’infirmités, j’ai besoin de cet admirable échange, de sa grâce, de ses mérites, du souffle de son Esprit. Je ne vais pas à la messe par obligation, j’y vais par nécessité… pour supporter les épreuves, pour vaincre mes peurs, pour être meilleur. Paul et Barnabé exhortent à cet abandon à la grâce qui passe par la prière et l’imposition des mains, signe des sacrements. A nous la coopération, mais à Dieu l’action principale car c’est Lui, le Maître d’oeuvre qui changera la face de la terre. Cette heure vient bientôt, nous dit l’Apocalypse ; heure attendue par l’Eglise vivante en prière, heure qui signera l’anéantissement du mal et le triomphe de la justice. En bien des lieux la Vierge nous exhorte à l’attendre; mettons tout en œuvre pour en hâter l’avènement.