Veillée Pascale

Christ est ressuscité ! La terre entière exulte, comme nous l’avons chanté dans l’Exultet. Jésus qui était mort, est sorti vivant du tombeau. Qu’est-ce que cela signifie? Un retour à la vie de Jésus? Oui, mais bien plus que cela, car avec Lui, une création nouvelle commence, une création où le mal et la mort n’ont plus de prise. Désormais, tous ceux qui aspirent à la paix et au bonheur sans fin, peuvent mettre leur espérance dans le Christ. Il est vivant ! Cela veut dire que tout ce qu’il a dit, tout ce qu’il a promis va s’accomplir.

La Résurrection du Christ est une explosion de lumière, comparable à un nouveau big-bang dont la source est Dieu lui-même présent dans le corps inerte de Jésus. Après trois jours, le voilà rendu à la vie, comme Premier-né d’entre les morts. Premier-né d’une multitude, car cette lumière ne demande qu’à s’irradier sur tout le genre humain pour le régénérer, et le faire passer à une nouvelle qualité de vie, tellement plus exaltante que celle que nous connaissons présentement qui est empoisonnée par la désobéissance du péché. Notre liturgie de la veillée pascale avec tous ces petits cierges qui s’allument peu à peu depuis le Cierge pascal qui représente le Christ sorti vivant du tombeau en est la magnifique allégorie. Et Dieu nous a laissé un signe pour les rationalistes des temps modernes : son image quasi photographique sur le linceul, qui fait l’admiration des scientifiques, du moins de ceux qui ne cèdent pas à des parti-pris idéologiques. Et Dieu ne cesse pas de faire signe à son peuple, le dernier en date étant ce feu incompréhensible dans la cathédrale Notre-Dame de Paris, un feu prêt à réduire en cendres huit siècles de chrétienté, jusqu’à cet instant où l’aumônier des pompiers est allé courageusement au tabernacle, mû par sa foi en Jésus ressuscité. Il a retiré le Saint Sacrement, Jésus vivant ! et il a eu la présence d’esprit de poser un acte de foi et de confiance, en bénissant avec le St Sacrement les murs de la cathédrale. A ce moment là, témoigne t-il, le feu qui gagnait la tour nord, menaçant toute la structure, a été maîtrisé avec le concours de tous ces courageux pompiers qui ont eu les gestes qu’il fallait. « un peu de levain suffit pour que fermente toute la pâte » nous dit st Paul…

Que demande le Seigneur ? Que par la foi, cette lumière du Ressuscité nous atteigne et nous transforme. Il demande que nous croyions en Lui, et que nous l’invoquions: « Tous ceux qui invoqueront le nom du Seigneur seront sauvés » (Rm10,13). On ne prie pas un cadavre, on prie un Vivant ; c’est pourquoi la prière est le moyen par lequel Dieu qui est Lumière nous rejoint et nous transforme en douceur. Mais si nous voulons être prêts pour l’Avènement glorieux du Christ, prêts à jouir pleinement de la vie de son Royaume qui nous sera offerte, la prière seule n’est pas suffisante, nous avons besoin que Dieu établisse sa demeure en nous, et qu’il nous fasse passer dès à présent par sa mort et sa résurrection.

C’est le sens du baptême, que vont recevoir en cette nuit, 70 adultes sur notre diocèse. Un baptême qui est appelé à être sans cesse réactualisé, d’Eucharistie en Eucharistie, et de confession en confession, pour nous faire « passer » des ténèbres à son admirable lumière, de l’esclavage du péché à la liberté des enfants de Dieu. Car Il nous veut libre pour aimer, pour aimer en plénitude. Mais Il est si bon qu’il trouve toujours des excuses à nos égarements. N’a t-il pas dit à Ste Faustine qu’avant de venir comme Juste Juge, Il vient comme Roi de miséricorde? Il vient rassembler ceux qui le cherchent d’un cœur sincère, c’est à dire ceux qui sont artisans de paix. Il est le Prince de la paix. Tous ceux qui travaillent pour la paix, travaillent pour Lui: chrétiens, juifs, musulmans, hindouistes, bouddhistes et même agnostiques : toute âme de bonne volonté, qui travaille pour la paix, sert son Dessein de salut, même si elle reste encore ignorante de ses divins mystères.

Non, Dieu ne veut pas sauver que le tout petit reste de chrétiens pratiquants, il veut sauver tous les hommes « presque malgré eux » selon l’expression du st Curé d’Ars. Le seul obstacle véritable à notre destinée de bonheur éternel, est cette possibilité que nous avons de refuser les lumières reçues d’en haut. Mais nous pouvons toujours espérer le salut de nos proches grâce au mystère de la Communion des saints.

Laissons-nous interpeller par la lumière du Christ, et soyons de ceux qui luttent avec Lui pour le Salut de la multitude. Les revers et les échecs sont possibles, parfois même inévitables, mais si nous faisons confiance au Seigneur, si nous croyons en sa miséricorde, Il nous relèvera toujours et nous fera monter vers toujours plus d’amour et de liberté.

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