Les textes de ce jour nous invitent à prendre conscience d’un danger particulièrement grave : celui de l’auto suffisance, de l’orgueil. L’orgueil a plusieurs visages : celui qui consiste à se croire seul détenteur de la vérité, seul converti. Une personne qui n’est pas de l’entourage des disciples, chasse des démons au nom de Jésus. Les apôtres s’en offusquent et veulent l’en empêcher. « Ne l’en empêchez pas, dit Jésus, celui qui n’est pas contre nous est pour nous ». Cette parole montre combien Jésus est large d’esprit, comme le sont les cœurs humbles et aimants. C’est cette ouverture d’esprit évangélique qui est à l’origine du mouvement oecuménique. Ceux qui se conduisent en serviteurs, voient l’intérêt de leur Maître et non le leur. Moïse se réjouit que d’autres que Lui prophétisent. Car c’est l’intérêt de Dieu. Jésus a prié pour l’unité de l’Eglise car l’unité est un facteur indispensable de la fécondité de la mission. Que de blessures infligées à l’unité de l’Eglise à cause de l’auto-suffisance de leurs membres ! L’Esprit ne se laisse pas enfermer, nous dit souvent le pape François. Il souffle où il veut, comme il veut, quand il veut. Dieu a donné autorité aux ministres (évêques, prêtres) pour enseigner, sanctifier, délivrer du mal et du Malin, et nous aurons, nous prêtres, à en rendre compte ; comme tout baptisé aura à rendre compte de la mise en pratique de sa foi qui lui donne un pouvoir sur la transformation des âmes et du cosmos ; un chrétien qui ne prie pas, un chrétien qui ne met pas en pratique le commandement d’amour, est un chrétien qui stérilise sa mission.

Un autre visage de l’orgueil est de prendre à la légère le devoir de se convertir. On ne doit pas oublier que la loi de Dieu est inscrite dans le coeur de tout homme. Et que celui qui refuse de se convertir à l’Amour, se rend passible du feu éternel. Si ton oeil te porte au péché, arrache-le, si ta main te porte au péché coupe-la, si ton pied… etc…toutes ces expressions volontairement choquantes, Jésus les utilise pour nous sensibiliser sur l’impérieuse nécessité de se convertir pour échapper au feu qui brûle, non pas le corps mais l’âme. Tout homme sait qu’il ne doit pas tuer, qu’il doit honorer ses parents, que la richesse corrompt, la richesse au mauvais sens du terme, c’est à dire l’appât du gain qui génère injustice et égoïsme, spoliation des plus faibles etc… ; tout homme sait que l’adultère, l’infidélité est un mal, que le mensonge est un mal ; et tout homme qui fait le choix du mal en connaissance de cause, devra en rendre compte au juste Juge qui est le Seigneur. Et Jésus l’a dit : plus on reçoit de lumière, plus la sainteté doit être effective.

Remarquez dans cet évangile comme Jésus est humble. Il ne revendique même pas son droit d’être reconnu et honoré comme Dieu ; la seule chose qu’il demande à ses enfants qui ne sont pas du cercle intime de ses disciples, c’est de ne pas être « contre » lui, c’est-à-dire de ne pas combattre la foi et toutes les valeurs qui lui sont attachées comme l’Eglise, la vie, l’éducation, la famille, et de servir l’homme, et particulièrement le pauvre, qui est la prunelle de ses yeux. « Celui qui vous donnera un verre d’eau au nom de votre appartenance au Christ, amen, je vous le dis, il ne restera pas sans récompense ». Alors ne fermons pas notre coeur, et redisons avec le psalmiste: « tes décisions sont justes Seigneur et vraiment équitables ; Préserve ton serviteur de l’orgueil : qu’il n’ait sur moi aucune emprise. Alors je serai sans reproche, pur d’un grand péché. »