Jésus nous met en garde contre l’autosuffisance, l’orgueil de se croire seul détenteur de la vérité. Une personne qui n’est pas de l’entourage des disciples, chasse des démons au nom de Jésus. Les apôtres s’en offusquent et veulent l’en empêcher. « Ne l’en empêchez pas, dit Jésus, celui qui n’est pas contre nous est pour nous ». Cette parole de Jésus est souvent citée pour appuyer le mouvement œcuménique. Cette largesse d’esprit était déjà présent chez Moïse qui se réjouit que d’autres que Lui prophétisent. Car il ne travaille pas pour lui-même mais pour Dieu. Jésus a prié pour l’unité de l’Eglise car l’unité est indispensable à la fécondité de la mission. Que de blessures infligées à l’unité de l’Eglise à cause de l’autosuffisance de ses membres ! L’Esprit souffle où il veut, comme il veut, quand il veut. Dieu a donné autorité aux ministres (évêques, prêtres) pour enseigner, sanctifier, délivrer du mal et ils auront à en rendre compte ; de même les baptisés auront à rendre compte de leur foi qui leur donne le pouvoir de se transformer et d’intercéder pour les âmes et le cosmos ; le chrétien qui ne prie pas et ne met pas en pratique ce que le Seigneur lui enseigne, stérilise sa mission.
L’autosuffisance peut conduire aussi à prendre à la légère notre devoir de conversion. Refuser de se convertir rend passible du feu éternel. « Si ton oeil te porte au péché, arrache-le, si ta main te porte au péché coupe-la, si ton pied… etc »… Jésus utilise des expressions volontairement choquantes, pour nous sensibiliser sur le danger qu’il y a à ne pas se convertir. Tout homme sait qu’il ne doit pas tuer, qu’il doit honorer ses parents, que la richesse, l’appât du gain corrompt, et génère toutes sortes d’injustices. Tout homme sait que l’adultère, l’infidélité est un mal, que le mensonge est un mal ; et tout homme qui fait le choix du mal en connaissance de cause, devra en rendre compte au juste Juge qui est le Seigneur. Et Jésus l’a dit : plus on reçoit de lumière, plus la sainteté doit être effective.
Remarquez dans cet évangile comme Jésus est humble. Il ne revendique pas son droit d’être connu et suivi de manière intime ; ce qu’il demande à ceux qui ne sont pas du cercle intime de ses fidèles, c’est de ne pas être « contre » lui, c’est-à-dire de ne pas combattre la foi et toutes les valeurs qui lui sont attachées : l’Eglise, la vie, l’éducation, la famille, et de servir l’homme, et particulièrement le pauvre, qui est la prunelle de ses yeux. « Celui qui vous donnera un verre d’eau au nom de votre appartenance au Christ, amen, je vous le dis, il ne restera pas sans récompense ». Alors ne fermons pas notre cœur, et redisons avec le psalmiste: « tes décisions sont justes Seigneur et vraiment équitables ; Préserve ton serviteur de l’orgueil : qu’il n’ait sur moi aucune emprise. Alors je serai sans reproche, pur d’un grand péché. »