Corpus Domini A

Jésus dit : « Moi Je suis le pain vivant qui est descendu du ciel : si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement. Le pain que je donnerai c’est ma chair donnée pour la vie du monde. » En biologie, on apprend en matière de nutrition, que le principe vital supérieur assimile le principe vital inférieur. C’est à dire que le végétal assimile le minéral, et que l’animal assimile le végétal. Eh bien de la même façon, on peut dire que Jésus qui est le Principe supérieur, puisqu’Il est Dieu, quand il se fait nourriture à la communion, c’est Lui qui nous assimile, et non l’inverse. Il nous assimile, c’est-à-dire qu’Il nous transforme en Lui.
« La coupe que nous bénissons, dit st Paul, n’est-elle pas communion au sang du Christ ? Le pain que nous rompons, n’est-il pas communion au corps du Christ ? » En fait, en chaque espèce du pain ou du vin consacrés par le prêtre, nous communions au Corps et au Sang du Christ, ainsi qu’à son âme et à sa divinité, autrement dit à sa Sainte Présence vivante, à travers laquelle il nous assimile à Lui. Je lui donne ce que je suis : ma pauvre humanité blessée, mon état d’homme pécheur avec sa bonne volonté qui lutte contre le péché, et Lui me donne ce qu’il est : son humanité sainte, pleine de douceur et d’humilité, et sa vie divine qui me divinise, et me prépare à la terre promise, la Jérusalem céleste. Si nous prenions vraiment conscience de cet admirable échange, ce n’est pas seulement chaque dimanche, mais chaque jour que nous irions à la messe, si nous le pouvions bien sûr.
Cette communion nous assimile à Lui, faisant de nous les membres de son Corps, l’Eglise. « Puisque nous avons part à un pain unique, dit st Paul, la multitude que nous sommes, forme un seul corps ». C’est pourquoi la communion à l’Eucharistie est synonyme de communion entre les hommes. Nous ne pouvons pas communier, de manière authentique au Christ, si nous ne sommes pas déterminés à faire taire dans nos vies toute forme de division, et si nous ne désirons pas être artisan d’unité, dans nos familles, dans nos communautés, dans notre nation. Il ne s’agit pas de juger ceux qui n’arrivent pas à s’entendre, ils peuvent avoir de sérieuses raisons, et parfois la séparation est inéluctable, ne serait-ce que pour retrouver la paix du cœur. On sait aujourd’hui, grâce à la psychologie, que la toxicité de certaines relations est hélas une réalité génératrice de bien des souffrances. Il ne s’agit donc pas de juger qui que ce soit, mais de faire chaque jour son examen de conscience, pour demander au Seigneur la grâce d’être artisan de paix et d’unité là où nous sommes.
Saint Augustin disait : « Si tu as offensé un frère, si tu as commis une injustice contre lui, et que tu vas ensuite recevoir la communion comme si de rien n’était, peut-être plein de ferveur pour le Christ, tu ressembles à une personne qui voit venir un ami qu’elle n’a pas vu depuis longtemps. Elle court à sa rencontre, lui jette les bras au cou, se hisse sur la pointe des pieds pour l’embrasser sur le front… sans se rendre compte qu’elle lui marche sur les pieds avec des chaussures à clous. En effet, dit st Augustin, nos frères sont les membres du Christ, ce sont ses pieds encore posés sur la terre ». Voilà une image qui fait réfléchir…
En nous donnant l’hostie, le Pain de vie, le prêtre dit : « Le corps du Christ », et nous répondons: « Amen ! » (c’est plus fort que merci). « Amen », c’est-à-dire oui, je t’accueille dans mon cœur : non seulement toi Jésus, Fils de Dieu, mais aussi mon prochain qui est mon frère puisqu’il est ton enfant. Et mon prochain, c’est celui qui n’est pas loin de moi, qui peut avoir besoin de moi, et que je ne dois pas rejeter de mon cœur, ne serait-ce qu’en le portant dans ma prière, si la communication, pour un temps est impossible. Notre vie ici-bas est comparable à la traversée du désert d’Egypte (Dt 8, 14), et c’est ce Pain de vie qui me la rend supportable, et qui un jour m’en délivrera définitivement. Aimons Jésus, adorons-le dans sa Sainte Eucharistie, fuyons l’injustice, et comme le dit Jésus dans l’Evangile, nous vivrons par Lui, et pour Lui, éternellement.

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