homélie 1er dimanche de carême C

A peine Jésus est-il baptisé qu’il est conduit par l’Esprit au désert pour y être mis à l’épreuve par le démon. Il entre ainsi dans le drame de l’existence humaine, dans nos enfers. Jésus a voulu être solidaire des pécheurs jusqu’à être lui-même tenté par le démon. Il est tenté dans un lieu symbolique qui est le désert, un lieu aride, desséché, symbole de la création soumise au désordre lié au refus de Dieu. Mais Jésus est le nouvel Adam, victorieux de Satan ; il inaugure l’humanité nouvelle sur laquelle le démon n’a plus d’emprise. En Jésus, l’harmonie est retrouvée entre l’homme et Dieu; une harmonie qui nous conduira un jour à la pacification de toute la création et à son renouvellement.

Les trois tentations de Jésus qui nous sont présentées, sont les tentations fondamentales qui guettent le cœur de tout homme. La première, « ordonne à cette pierre de devenir du pain » c’est la tentation du matérialisme. Agencer toute notre vie autour de nos exigences matérielles, qui deviennent une idole dans la mesure où la volonté de Dieu est relégué à un second plan; l’essentiel est mon bien-être, mon travail, mes loisirs : mon épanouissement. C’est subtile, parce que c’est légitime de bien manger, de travailler, de s’épanouir, c’est le pain quotidien de l’homme. Oui, mais, le recevons-nous de Dieu et savons-nous lui en rendre grâce ? Que répond Jésus au diable ? « l’homme ne vit pas seulement de pain », (mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu) (Mt 4,4). C’est ce que Dieu me commande qui doit ordonner toute ma vie, et non mes divers appétits qui sont entachés de concupiscence.

Dans la deuxième tentation, le démon conduit Jésus dans les hauteurs et lui offre la domination du monde, le pouvoir : Asseoir ses intérêts par le pouvoir sur les autres. C’est une tentation toute aussi répandue et qui n’épargne pas l’Eglise. Combien de fois dans l’histoire, on a cherché à asseoir sa foi par le pouvoir et au bout du compte le pouvoir finit par étouffer la foi. Mais Dieu veille sur son Eglise et il suscite pour la restaurer des âmes humbles, de saints papes qui montrent l’exemple d’un saint détachement par rapport au pouvoir, soit en souffrant et en offrant sa maladie jusqu’au bout, comme l’a fait Jean-Paul II pour montrer la valeur de la souffrance offerte, soit en se retirant humblement comme l’a fait Benoît XVI, soit en refusant d’habiter le palais pontifical pour signifier que le temps de l’Eglise des seigneurs est révolu. Jésus veut une Eglise de petits, d’humbles, de pauvres.

Dans la troisième tentation, le démon évoque la protection divine en citant l’Ecriture : si tu te jettes du haut du temple, « Il donnera pour toi ordre à ses anges de te garder…ils te porteront sur leurs mains de peur que ton pied ne heurte une pierre » ps 91 Il s’agit pour nous ici de la tentation de dicter à Dieu ce qu’il doit faire pour que nous croyions en Lui, comme l’un des larrons qui dit à Jésus sur la croix : « si tu es le Messie, sauve-toi toi-même et nous avec » Mais qui sommes-nous pour dire à Dieu ce qu’il devrait faire pour que nous croyions en lui. « tu ne mettras pas Dieu à l’épreuve » Ce que Dieu a cru bon de faire, il l’a fait : il a donné sa vie par sa passion et par sa croix pour le salut de tous. Tant que j’attends autre chose que sa propre vie qu’il me donne en nourriture, je m’éloigne du chemin de la foi. En Jésus, notre plus grand Ami, nous avons tout pour être heureux sur la terre, parce qu’il nous soutient, il nous console, il nous protège, il nous aime, et comme dit le Curé d’Ars : « Le seul bonheur en ce monde, c’est d’aimer le Seigneur et de savoir qu’Il nous aime. »

 

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