« Es-tu le Roi des juifs ? » demande Pilate à Jésus. Il pose cette question à un homme ligoté, qui n’a plus de prestance aux yeux des hommes. Pourtant Jésus lui répond lui aussi par une question, ce qui montre qu’au cœur de l’humiliation, il ne perd rien de sa dignité souveraine : « dis-tu cela de toi-même ou bien parce que d’autres te l’ont dit ? » Autrement dit : « ta question est-elle une interrogation sincère et profonde de ton cœur, l’interrogation de quelqu’un qui cherche la vérité, ou est-ce de la simple curiosité suscitée par les comérages » ? Pour Jésus, la nuance est importante. Il est la Parole vivante de Dieu qui sauve, mais pas de manière magique ou automatique. Il faut que le cœur soit ouvert. Un cœur ouvert, c’est un cœur qui cherche la Vérité, un cœur honnête, et qui de ce fait, « écoute la voix » du Bon Pasteur qui est la voix de la conscience. Tout homme sait qu’il ne faut pas tuer, qu’il faut respecter Dieu et son prochain pour vivre en paix. Le cœur fermé, c’est le cœur imprégné de l’esprit du monde qui est un esprit de domination, et de jouissance égoïste. C’est le « Moi » qui compte. L’autre, est soit un rival, soit un objet de convoitise.
Beaucoup de cœurs sont fermés, c’est pourquoi Jésus dit : « mon Royaume n’est pas de ce monde, sinon j’aurais des gardes qui se seraient battus pour que je ne sois pas livré aux juifs ». Cet esprit de domination et de jouissance égoïste, imprègne le monde à tous les niveaux : politique, économique, sociale ; et son emblème, c’est l’Argent. Le Royaume du Christ est incompatible avec cet esprit « mercantile ». L’esprit du Royaume est tout autre. C’est un esprit de justice et d’amour, qui rend à Dieu, l’action de grâce qui lui est dû, et à l’homme son devoir de partage et d’amour ; à l’injustice, il répond, non pas par la violence, mais par le pardon et par le don total qui n’attend rien en retour. C’est Antoine qui répond aux terroristes qui lui ont pris sa femme : « je ne vous laisserai pas ma haine » L’emblème de cet esprit, ce n’est plus l’argent, c’est le Christ lui-même. Alors, le Royaume du Christ est-il absent du monde, comme on peut en avoir l’impression ?… non ! mais il est caché dans les cœurs de ceux en qui le Christ est Roi, et qui sont comme des reflets de son pardon et de sa vie donnée. C’est là qu’est l’Eglise, la véritable Eglise, non dans les structures ! Les structures sont nécessaires, mais elles ne font pas l’Eglise. Quand le Christ règne dans un coeur, Il fait entrer ce cœur dans cet ordre nouveau de la justice et de l’amour. Ce cœur peut commettre des erreurs parfois, mais s’il commet une faute, il la reconnaît, il s’en repent, et permet au Sang de Jésus de le purifier.
Enfin, je voudrais dire que cette fête d’aujourd’hui, nous invite à ne pas douter de l’issue heureuse de ce monde qui gémit présentement dans le travail et les douleurs de l’enfantement. Les douleurs n’auront pas le dernier mot. Les forces du mal se déchaînent, elles se font de plus en plus menaçantes, mais en même temps, elles nous obligent à nous déterminer. Qui voulons-nous servir ? Satan qui veut nous entraîner dans la spirale du mal en suscitant la haine et le mépris de l’autre ? ou Jésus, dont la vie donnée et la parole vivante rendent témoignage à la vérité qui résonne à travers notre conscience ? C’est l’heure du choix et de la détermination. Alors, puisqu’Il est « l’Alpha et l’Omega », puisqu’Il a vaincu le monde, ne nous laissons pas décourager ; entrons dans l’Arche de son Sacré-Coeur uni au Cœur immaculé de Marie. En sécurité dans l’Arche du salut, préparons nos cœurs à la Venue du Seigneur ; laissons-le régner en Souverain Maître de nos vies ; par la prière et le sacrifice, faisons triompher la justice et l’amour ; seulement ainsi le monde pourra donner son fruit de paix qui descendra du ciel dans les cœurs de ceux qui lui seront ouverts.